C'est l'annonce d'une enquête de grande ampleur qui a secoué Google, Apple, Facebook et Amazon outre-Atlantique. La Chambre des représentants des États-Unis a fait savoir le 31 mai qu'elle lançait une vaste enquête pour violation du Sherman Act, la loi américaine visant à lutter contre les pratiques de concurrence déloyale ou monopolistiques à laquelle Microsoft s'est déjà frottée il y a près de vingt ans.
Cet examen approfondi, confié d'un côté au département de la Justice américain et de l'autre à la Federal Trade Commission –agence fédérale américaine de contrôle des pratiques commerciales– laisse pour l'heure les géants du numérique sans voix: Google, Facebook et Amazon ont refusé de s'exprimer, rapporte Bloomberg.
Des instructions judiciaires qui pourraient laisser des traces, à l'heure où la Silicone Valley essuie un bon nombre de critiques sur ses politiques liées à la collecte et l'usage des données personnelles ou encore à la propagation d'infox.
Le couperet de la bourse
L'administration Trump, tout comme les candidat·es démocrates à la candidature, Elizabeth Warren en tête, ne comptent pas relâcher cette nouvelle pression sur les Big Four.
Facebook, Amazon, and Google run the internet. In fact, Big Tech spent almost $50 million dollars in lobbying last year. They know they have a lot to lose if Washington starts putting the interests of consumers first. #BreakUpBigTech pic.twitter.com/QbMyw4wlO2
— Elizabeth Warren (@ewarren) 8 mars 2019
L'annonce de cette enquête a eu l'effet d'une bombe sur les marchés financiers, faisant dégringoler lundi 3 juin les actions des quatre géants américains au New York Stock Exchange. La maison mère de Google, Alphabet, a chuté de 7,2% –son plus bas niveau depuis janvier. Le réseau social de Mark Zuckerberg a lui aussi enregistré une baisse significative de 9,3%. Les actions d'Apple et Amazon ont perdu respectivement 2,7 et 5,4%, détaillait alors Bloomberg.
Google et Amazon déjà poursuivis en Europe
L'Union européenne (UE) avait déjà intenté des poursuites contre Google, en lui infligeant en 2017 et 2018 des amendes records pour abus de position dominante sur le marché des moteurs de recherche et sur son système d'exploitation pour Android.
La Commission inflige une amende de 2,42 milliards d'euros à #Google pour abus de position dominante : https://t.co/Aa6na1CYiH pic.twitter.com/TjgIaLafu6
— Commission européenne (@UEFrance) 27 juin 2017
En septembre 2018, Amazon a aussi été visée par la Commission européenne, qui avait ouvert une enquête pour le même motif que Google, ainsi que pour son utilisation des données de commerçants présents sur son site pour favoriser ses propres ventes. Cette enquête visait à déterminer si ces données ont fourni un avantage concurrentiel à l'entreprise.
Facebook a aussi essuyé plusieurs procédures aux États-Unis et en Europe notamment pour les défaillances liées à la protection des données personnelles de ses membres.
Mark Zuckerberg, qui sent le vent tourner et en appelle désormais lui-même à plus de régulation, est directement visé. Certain·es actionnaires de la plateforme ont tenté en vain de limiter sa toute-puissance.
L'un des cofondateurs de la firme, Chris Hughes, a quant à lui publié une tribune très remarquée dans le New York Times pour réclamer sa tête ainsi que le démantèlement de l'entreprise tentaculaire qu'est devenue Facebook –également propriétaire d'Instagram, WhatsApp et Oculus, pour ne citer qu'elles.
In Opinion
— The New York Times (@nytimes) 9 mai 2019
Chris Hughes, a co-founder of Facebook, writes, "It is time to break up Facebook. We already have the tools we need to check the domination of Facebook. We just seem to have forgotten about them." https://t.co/HuDfILXmV2