95 grammes de dioxyde de carbone émis par kilomètre, en moyenne et sur la flotte globale de chaque grand groupe automobile. Pas un de plus, au risque de devoir payer dès 2021, date de l'entrée en vigueur de ces nouvelles normes européennes, des milliards d'euros d'amendes.
Fiat Chrysler, qui compte parmi ses marques les assez peu écolos Jeep ou Dodge, est déjà en position légèrement délicate sur les questions écologiques, et très en retard sur la route de l'automobile plus verte.
Pris en flagrant délit de trucage de tests aux émissions polluantes comme Volkswagen avant lui, poursuivi par l'État américain comme par sa clientèle, le groupe a déjà dû débourser la rondelette somme de 800 millions pour se tirer de l'ornière –tout en rappelant à l'usine, tête basse et image de marque en berne, près de 100.000 véhicules.
Une bonne moyenne
Problème: il est estimé que la flotte du groupe émet aujourd'hui, en moyenne, 123 grammes de CO2 au kilomètre. Loin, très loin donc des normes européennes, qui entreront en vigueur dans deux ans. Et deux années ne suffiront pas à Fiat Chrysler pour bouleverser ses gammes, malgré des investissements de 9 milliards d'euros annoncés en 2018.
La solution? Des mathématiques plutôt simples, ainsi que quelques centaines de millions de dollars. Fiat Chrysler s'est entendu avec Tesla, dont les véhicules électriques n'émettent pas de dioxyde de carbonne, pour faire artificiellement (et miraculeusement) fusionner les deux flottes. Magique, ou plutôt logique: la moyenne des émissions baisse et les normes sont respectées. Ni vu, ni connu (ou presque).
La somme que versera Fiat Chrysler à Tesla n'est pas précisément connue, mais le bien informé Financial Times évoque «plusieurs centaines de millions d'euros». Qui, sans doute, tombent plutôt bien pour les troupes d'Elon Musk, Tesla traversant ces derniers mois quelques sérieux remous financiers et industriels.
La manœuvre est bien entendu tout à fait légale. Elle rappelle qu'il existe un marché pour les «droits à polluer», au sein des États comme au niveau international –une bourse sur laquelle s'est déroulée l'une des plus grosses arnaques fiscales des dernières décennies en France.