Remettre l'église au millieu du marché. | Joseph Barrientos via Unsplash
Remettre l'église au millieu du marché. | Joseph Barrientos via Unsplash

Les fonds d'investissement religieux ont le vent en poupe

Des financiers proposent d'investir dans des entreprises en accord avec ses croyances religieuses.

Ces dernières années ont vu l'émergence de nouveaux fonds de placements échangés en bourse (ETF). Ceux-ci n'investissent pas en prenant seulement en compte un potentiel retour sur investissement, mais font également reposer leurs décisions sur des critères éthiques nommés ESG –environnementaux, sociaux et de gouvernance.

Souvent, les ETF visent à investir en priorité dans des entreprises qui respectent les normes écologiques et adoptent un comportement socialement responsable. Mais les critères peuvent englober des paramètres plus spécifiques et de plus en plus de fonds d'investissement obéissent à des principes religieux.

C'est le cas de Wahed Invest, une société de conseil américaine qui vise les investisseurs musulmans et propose de «trouver une manière d'investir [ses] richesses en restant en accord avec [son] éthique».

Pour un fonds musulman, cela peut se traduire par éviter d'investir dans des entreprises qui tirent leurs revenus de la vente d'alcool, de porc ou des jeux de hasard, mais aussi par la volonté d'obéir à des règles plus philosophiques. Par exemple, l'islam tend à réprouver les intérêts banquaires, parfois considérés comme une manière haram de faire fructifier son argent.

Investissements halal

Côté chrétien, Global X, qui gère 11 milliards de dollars [9,79 milliards d'euros], va agrandir son fonds nommé Catholic values. Celui-ci obéit aux «Principes d'investissement socialement responsables» de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis, et a gagné plus de 330 millions de dollars [294 millions d'euros] depuis son lancement en 2016.

Catholic values rejette les investissements dans toute entreprise liée, en vrac, à la pornographie, aux expériences sur les cellules souches, aux armes chimiques ou encore à l'avortement. Les entreprises qui tirent jusqu'à 50% de leurs revenus par des contrats avec l'armée sont en revanche acceptées.

Les critères établis par ces fonds ne sont pas monolithiques mais reflètent plutôt les débats internes à leur religion. Par exemple, Wahed Invest n'a pas dans son portfolio de sociétés d'armement, alors que d'autres fonds musulmans n'y voient pas d'inconvénient. Elle accepte par contre de placer de l'argent chez Tesla, qui porte une lourde dette productrice d'intérêts.

L'ETF de Wahed Invest fait partie des huit fonds lancés en 2019 qui affirment investir selon des principes religieux. En tout, Bloomberg estime qu'1,9 milliard de dollars [1,7 milliard d'euros] sont gérés par ce type de société.

C'est une goutte dans l'océan des fonds de placement, mais elle pourrait faire des émules, car c'est un marché encore relativement inexploré. Il y a près de trois millions et demi de musulman·es aux États-Unis et pourtant, «beaucoup d'entreprises n'osent pas viser la communauté musulmane», explique un membre de Wahed Invest.

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