Spencer Donnelly est un créateur de contenus liés au jeu vidéo sur YouTube. Sous le pseudo TheRussianBadger, il accumule près de 2,7 millions d'abonné·es sur sa chaîne, et, grâce au pourcentage obtenu sur les revenus publicitaires de la plateforme, il a pu en faire son occupation principale.
Son entreprise, The Russian Badger, gagne certaines années entre 2 et 3 millions de dollars. Pourtant, aucune banque n'a accepté de lui donner une carte de crédit lui permettant de dépenser plus de 20.000 dollars [17.700 euros] par mois: son revenu, irrégulier, provenant de multiples sources et souvent sans contrat à long terme, ne serait pas perçu comme assez stable.
Entre en scène Karat. La start-up américaine vient de lancer une carte de crédit pour influencers, dotée d'avantages spécifiques en fonction de leur secteur (le jeu vidéo, les produits de beauté, etc.).
Cette offre dispose d'une ligne de crédit de 50.000 dollars [44.400 euros] par mois, mais ce plafond peut grimper en fonction des revenus –certain·es de leurs client·es gagnent des millions de dollars par an– et, surtout, de leurs statistiques sur les réseaux sociaux. Pour placer ces limites, il a d'abord fallu mettre en place un système pour déterminer la valeur de l'influenceur.
Chiffrer l'influence
L'entreprise accepte en priorité des client·es dont le nombre d'abonnements vérifiés est d'au moins 100.000. Mais «ce n'est pas si simple», explique à Wired Will Kim, cofondateur de Karat. «Des millions d'abonnés ne signifient pas des millions de dollars.»
Par exemple, 1 million d'abonné·es sur YouTube ont davantage de crédit que 10 millions sur TikTok aux yeux de la start-up: sur YouTube, il est possible de gagner de l'argent grâce aux revenus publicitaires et aux abonnements, alors que sur TikTok, il n'existe encore aucune option directe de monétisation de ses contenus.
L'engagement est aussi un aspect critique pour évaluer le potentiel et la stabilité d'un influenceur ou d'une influenceuse: 1 million de followers avec 10% d'engagement seront plus précieux que 10 millions avec 1% d'engagement. Il est également important que l'influencer ne dépende pas, financièrement, d'une seule plateforme.
Karat n'est pas la seule entreprise qui cherche à séduire les influencers. De plus en plus d'options émergent sur le marché pour les cartes, les banques ou la comptabilité à destination des auto-entreprises.
Karat estime d'ailleurs que déjà plus d'un million de créateurs et créatrices sont des professionnelles à temps plein gagnant en moyenne 80.000 dollars [71.000 euros] par an, et le marché de l'influence, selon certaines estimations, pourrait peser 15 milliards de dollars en 2022.