Le siège de Wirecard, dans la banlieue de Munich. | Christof Stache / AFP

Le siège de Wirecard, dans la banlieue de Munich. | Christof Stache / AFP

La déchéance express de Wirecard, ex-fleuron de la fintech européenne

Deux milliards d'euros mystérieusement évaporés plus tard, la start-up allemande est passée du prodige au scandale.

Wirecard a longtemps été l'entreprise de fintech la plus en vue d'Europe. Quand elle se lance en 1999, la start-up allemande est un petit processeur de paiement pour les sites pornographiques et de jeux d'argent.

Malgré quelques soupçons d'irrégularités, la société fleurit dans les années 2010. En 2018, Wirecard est évaluée à plus de 24 milliards d'euros [21,4 milliards d'euros] et compte des centaines de milliers de client·es à travers le monde, dont de grandes multinationales.

Mais la même année, les ennuis commencent pour l'entreprise: le Financial Times publie une série d'enquêtes qui détaillent ses pratiques comptables douteuses et les soupçons de fraude pesant sur elle.

Wirecard se défend et attaque le journal en justice, l'accusant de vouloir influencer le marché en sa défaveur. Elle parvient même à convaincre l'Autorité fédérale de supervision financière allemande (BaFin) de mener une investigation sur les journalistes responsables des articles en question.

Trésorerie fantôme

À la mi-juin 2020, tout s'effondre. Supposées détenir 1,9 milliard d'euros appartenant à Wirecard, deux banques philippines informent EY (anciennement Ernst & Young), le cabinet chargé de l'audit de la société, qu'elles n'en ont jamais vu la couleur. EY décide donc de ne pas certifier son exercice 2019.

En Bourse, Wirecard entame une chute libre. Ce n'est pourtant que le début du cauchemar: le 18 juin, l'entreprise admet que les sommes concernées «ont disparu». Le lendemain, son PDG Markus Braun démissionne.

Le 22 juin, Wirecard reconnaît que l'argent ne s'est pas envolé mais, peut-être plus étrange encore, qu'il «n'existe probablement pas». Le 23, Braun est arrêté puis libéré contre une caution de 5 millions d'euros.

Wirecard finit par déposer le bilan le 25 juin: en une petite semaine, le titre de la société a plongé d'environ 90% sur les marchés, et sa clientèle l'a abandonnée.

L'affaire ne s'arrête pourtant pas là. Bien que l'enquête soit loin d'être bouclée, la question de la régulation allemande des entreprises se pose déjà. Car en plus d'enquêter sur les journalistes du Financial Times, la BaFin avait en 2018 interdit à des traders de parier sur une baisse du cours de Wirecard.

L'institution assure aujourd'hui que sa décision avait pour but de protéger le marché et non l'entreprise, et que seule la partie bancaire de Wirecard, et non l'ensemble de la société, était visée.

Reste à voir si ces justifications suffiront à convaincre le ministre allemand des Finances et la Commission européenne, qui a annoncé avoir demandé à l'Autorité européenne des marchés financiers (AEMF) de lancer sa propre enquête.

De son côté, EY accuse Wirecard d'une «fraude élaborée et sophistiquée». Les autorités philippines ont par ailleurs indiqué que l'un des anciens hauts cadres de l'entreprise, Jan Marsalek, aurait transité par leur pays en juin, avant de s'envoler vers la Chine. Visé par un mandat d'arrêt émis par la justice allemande, il compterait se rendre au procureur de Munich d'ici quelques jours.

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