Les fonds d'investissement dits ESG (pour Environmental, Social and Governance, critères de sélection des entreprises dans lesquelles placer de l'argent) ont le vent en poupe.
Alex Duffy, manager du Fidelity Global Emerging Markets Fund, va même jusqu'à dire que ces critères guideront logiquement, à court terme, une grande partie des investisseurs généralistes –après tout, parier sur des industries non durables semble être, par essence, une idée tordue.
Éthique en toc
Problème: les règles et méthodes que se sont fixées les gros fonds d'investissement pour choisir leurs cibles sont à la traîne par rapport aux objectifs affichés, et peuvent même entrer en contradiction avec les visées éthiques consubstantielles aux fonds ESG.
En cause, la méthode dite de negative screening, très majoritairement utilisée et qui écarte automatiquement et a priori des secteurs entiers du choix des investisseurs, avec une éthique à géométrie visiblement très variable.
Bloomberg rapporte ainsi une note d'analystes d'UBS Group AG, qui calcule que si 40% des fonds refusaient de mettre le moindre centime dans l'industrie de «l'entertainment adulte» (comprenez: le porno), 30% d'entre eux n'ont en revanche aucun scrupule à placer les fortunes de leurs client·es dans des firmes liées aux jeux d'argent, aux armes à feu ou aux énergies fossiles.
Bloomberg rappelle que ces critiques ont déjà été émises, un stratégiste de Citi ayant expliqué en mai 2019 que les méthodes de choix appliquées par les fonds bénéficiaient à des entreprises disposant d'une politique claire –qu'elles appartiennent à l'industrie du tabac, à celle du pétrole ou du gaz étant alors secondaire.
Il reste donc un important travail de fond à effectuer pour que, chez les acteurs de l'investissement, l'éthique trouve une logique et s'aligne avec ce qu'elle définit –après tout, le porno peut être bien plus durable qu'un fusil d'assaut.