Le 15 juin, Google s'est fait prendre la main dans le sac par le site de paroles de chansons Genius. Ce dernier a publiquement accusé le moteur de recherche de voler ses contenus et de les afficher dans ses Onebox, ces réponses directes qui apparaissent en haut ou sur le côté des résultats d'une recherche. Pour le prouver, Genius avait eu une idée géniale: cacher un message en morse dans la ponctuation de certains des textes qu'il publiait. Décrypté, il signifiait «red handed» [«en flagrant délit»].
Google s'est défendu et le lendemain de la publication de l'article du Wall Street Journal, toutes les preuves d'un possible plagiat avaient disparu: les apostrophes inclinées utilisées par Genius pour son code en morse avaient été remplacées par d'autres, droites et verticales.
C'est toutefois la seule chose à avoir changé: le reste du texte est resté le même, des mots à la ponctuation. «Cela fait deux ans que Google sait ce qu'il se passe, assure à Wired Ben Gross, directeur de la stratégie chez Genius. Maintenant que l'affaire est publique, ils sont apparemment en train de faire disparaître les preuves de leur comportement sans régler le problème sous-jacent. Google affiche toujours des paroles copiées depuis Genius.»
En terrain vague
Lundi 16 juin, l'intermédiaire employé par Google, LyricFind, a reconnu sa responsabilité et expliqué avoir pris, comme beaucoup d'autres, Genius en référence.
La situation reste néanmoins peu claire sur les droits et devoirs de chacun. Genius est-il légitime pour accuser Google de copier ses contenus? Le site ne possède pas les droits sur les textes: ils appartiennent aux chanteuses, aux éditeurs et/ou aux parolières. Genius a simplement la permission, la licence pour les imprimer et les utiliser –une autorisation que Google a également obtenue.
Il n'existe pas de base de données de référence dans laquelle les entreprises autorisées à publier les paroles de chansons peuvent puiser. Elle ont même le droit, si elles le désirent, de se copier les unes les autres, d'après les lois du copyright.
Concurrence déloyale?
L'autre angle d'attaque possible de Genius est celui de la concurrence déloyale. «Cela reste potentiellement un problème, remarque John Bergmayer, conseiller pour la fondation Public Knowledge, si Google profite de son monopole sur la recherche internet pour entrer dans un marché qui n'a rien à voir avec elle, et lie ce produit au moteur de recherche d'une façon qui lui donne un gros avantage dans cette compétition.»
Et Google est coutumier du fait: le géant a déjà dû payer des amendes à l'Union européenne pour avoir priorisé ses offres par rapport à celles de la concurrence, peut-être meilleures.