Extrait de la vidéo postée par la journaliste biélorusse Hanna Liubakova sur Twitter. | Capture d'écran Aric Toler
Extrait de la vidéo postée par la journaliste biélorusse Hanna Liubakova sur Twitter. | Capture d'écran Aric Toler

Des soldats russes expédient chez eux, par la poste, le fruit de leurs pillages

Ou les revendent sur place, en Biélorussie, dans des bazars très spéciaux mis en place pour l'occasion.

«Se servir sur la bête»: les troupes russes, dans leur guerre contre l'Ukraine, semblent avoir fait leur l'expression mieux que quiconque. Sans ici parler des scènes d'horreur que commence à dévoiler son retrait du nord du pays, comme à Boutcha, les mêmes scènes se reproduisent partout où passe l'armée du Kremlin.

Les occupants s'en prennent aux maisons des occupés, squattent les salons, piquent de la nourriture, de l'alcool et, surtout, des objets. Tout y passe: bijoux, vélos, batteries de voitures, matelas ou couvertures, cosmétiques, machines à laver la vaisselle ou le linge, motos et même jouets pour enfants sont subtilisés en masse à leurs propriétaires impuissants.

Pour en faire quoi? Pour certains des militaires concernés, pour les envoyer à la maison, en Russie. C'est ainsi que des caméras de surveillance, dont le contenu a été dévoilé via Twitter par la journaliste biélorusse Hanna Liubakova, ont montré quatre de ces gaillards empaqueter une partie de leur rapine dans un bureau de poste de la Biélorussie voisine, sans doute pour un envoi vers la mère patrie.

Gaulés!

Pas de chance pour ces quatre indélicats messieurs, la technique moderne fait des miracles et Eric Toller de Bellingcat s'est «amusé» à faire mouliner ses outils et techniques d'intelligence open source (OSINT), notamment l'outil russe de reconnaissance faciale FindClone, sur la vidéo postée par Liubakova.

«Utiliser FindClone sur ces types, c'est comme tirer sur un ours dans un couloir», déclare-t-il, expliquant avoir pu identifier les quatre hommes en quelques instants. «Les images sont dingues –elles montrent des soldats russes empaqueter et emballer des objets divers dans un bureau de poste proche de la frontière biélorusse. Il ne faut pas une grande imagination pour comprendre d'où ces objets viennent et où ils vont. Voici un gars en train d'envoyer une trottinette électrique.»

Un peu plus loin, il note que les batteries de voiture s'apprêtant à subir le même sort postal n'ont sans doute pas été achetées au Speedy du coin, et débusque un objet emballé dans un sac arborant le logo d'une chaîne de magasins n'existant qu'en Ukraine.

Et ceux qui voudraient faire un petit profit plus immédiat, sonnant et trébuchant? Ils ont mis en place des «bazars spéciaux», de petits marchés aux puces spécialisés dans les soldes sur les objets pillés à des civils sans défense, dans des petites villes frontalières de Biélorussie, rapportait il y a quelques jours le ministère de la Défense ukrainien, repris par Business Insider.

«Machine à laver le linge ou la vaisselle, réfrigérateurs, bijoux précieux, voitures, vélos, motos, vaisselle, tapis, œuvres d'art, jouets, cosmétiques»: les étals d'un véritable business du pillage s'installent ainsi dans ces petites municipalités biélorusses, comme Narowlia ou Mazyr. Avant le retrait russe, des convois de camions auraient même été organisés entre les deux pays pour rapatrier en masse ces biens très mal acquis.

«Ce n'est pas une armée, c'est une honte, a commenté sur Twitter Oleg Nikolenko, porte-parole du ministère des Affaires étrangères ukrainien. Nous n'oublierons jamais, et nous ne pardonnerons jamais.»

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