Pendant la Seconde Guerre mondiale tout le monde devait participer, même les grands patrons de l'époque qui furent baptisés les dollar-a-year men. | NeONBRAND via Unsplash
Pendant la Seconde Guerre mondiale tout le monde devait participer, même les grands patrons de l'époque qui furent baptisés les dollar-a-year men. | NeONBRAND via Unsplash

Avec leur salaire à un dollar, ces grands patrons veulent nous embrouiller

Ils ont été nombreux à réduire leurs émoluments au minimum –et ce n'est pas vraiment par philanthropie.

Le point commun entre Mark Zuckerberg (boss de Facebook), Evan Spiegel (boss de Snapchat), Jack Dorsey (boss de Twitter) et Larry Page, le récent ex patron d'Alphabet? Ils touchent tous un salaire annuel d'un seul dollar (0,9 euro).

À chacun sa raison, mais la plupart du temps, ce choix de n'être payé qu'un dollar est guidé par l'envie de montrer aux actionnaires que l 'on est un patron raisonnable, efficace et peu coûteux ou par le souhait de passer pour un boss vraiment altruiste qui préfère mettre ses équipes en avant.

À vrai dire, même si ces dernières décennies le nombre de grands patrons à un dollar s'est multiplié, le public n'est pas vraiment tombé dans le panneau: se faire payer si peu cher est un luxe que peu peuvent se permettre. Si vous pensez qu'il y a un loup, vous avez raison.

Une idée qui date des années 1940

The Hustle rappelle que l'initiative du salaire à un dollar remonte aux années 1940. En guerre, les États-Unis avaient besoin d'une économie forte. Tout le monde devait participer, même les grands patrons de l'époque, comme celui de General Electric Philip Reed, et celui de General Motors, William S. Knudsen. La loi américaine interdisant à Washington de faire travailler des gens gratuitement, il fut décidé qu'ils seraient payé un dollar. C'est ainsi que naquit le concept du dollar-a-year men.

Quelques années plus tard, en 1979, le symbole fut repris par Lee Iacocca, le patron de Chrysler: à la suite du choc pétrolier, l'entreprise, qui se portait plutôt mal, a appelé à l'aide le gouvernement. En signe de bonne volonté, Iacocca réduisit son salaire à un seul dollar, attirant les félicitations pour cet esprit de sacrifice.

Depuis, le salaire à un dollar est devenu un bel agurment marketing. The Hustle prend l'exemple de Steve Jobs: quand il devient PDG d'Apple, en 1997, il ne se fait payer qu'un dollar par an pendant quinze ans. Soit 15 dollars en tout de salaires cumulés. Le truc, car il y a un truc, c'est que ses revenus, Steve Jobs ne les tire pas de sa rémunération mensuelle, comme la plupart des personnes qui travaillent. Sur ces mêmes quinze années, la somme de ses actions est passée de 17,5 millions à 2 milliards de dollars –sans parler du jet de 90 millions de dollars offert par Apple.

Il n'est pas seul dans ce cas, peu de grand patrons de la Silicon Valley ne gagnent que ce qui est indiqué sur leur fiche de paie. Leur revenus proviennent de tout un tas d'autres mécanismes, comme les actions, stock-options et autres bonus.

Une étude du Fisher College of Business s'est intéressé au cas de 50 dirigeants et a montré qu'en moyenne, les boss à un dollar perdent 610.000 dollars en salaire, mais gagnent 2 millions de dollars dans d'autres «formes de rémunération en actions très peu visibles». «Plutôt qu'un acte sacrificiel qu'il devrait être, l'adoption des salaires des PDG à 1 dollar est, selon nos résultats, un comportement opportuniste des patrons les plus riches, les plus confiants et les plus influents.» Des résultats corroborés par une autre étude, selon laquelle «le salaire des PDG à un dollar gagnent environ 1,6 million de dollars de moins que leurs pairs, mais empochent 3,5 millions de dollars de plus sous d'autres formes de rémunération».

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