Alors que la guerre commerciale que se livrent Beijing et Washington ne montre aucun signe d'épuisement, les entreprises qui doivent exporter aux États-Unis se mettent à la recherche de main-d'oeuvre bon marché dans des pays moins taxés.
Pour l'instant, c'est le Vietnam qui a le plus bénéficié de ces délocalisations. Proche de la République populaire et disposant d'une main d'oeuvre moins chère, c'est la destination toute trouvée. Des usines d'assemblage informatique commencent donc à pousser à coté des nombreux ateliers textiles déjà implantés.
Récemment, Nintendo a annoncé déplacer une partie de la production de la Switch, sa dernière console de jeux, au Vietnam. Selon le New York Times, même Foxconn, le géant taïwanais qui assemble la majorité des iPhone, a acquis les droits d'usages de terrains vietnamiens.
Double tranchant
Ce succès est à double tranchant. L'afflux d'entreprises sur son territoire a mécaniquement augmenté le nombre d'exportations vers les États-Unis, accentuant son excédant commercial avec le pays.
Selon le bureau des statistiques américain, en juin de l'année dernière, l'excédent vietnamien était de 18 milliards de dollars (16 milliards d'euros). À la même période cette année, il atteignait déjà les 25 milliards de dollars (22 milliards d'euros) –une augmentation de 39%.
Or, en plus de l'intérêt politique pour Trump d'agiter la menace d'un ennemi extérieur, c'est précisément pour cette raison que la guerre commerciale a débuté avec la Chine. Les États-Unis ont donc déjà commencé à faire pression.
Fin mai, le Vietnam a été ajouté par le département du trésor à sa liste des pays à surveiller, car susceptibles de manipuler leurs monnaies. En juin, Donald Trump a estimé que le pays était «pire» que la Chine en terme d'abus commerciaux. En juillet, une taxe supplémentaire a été apposée sur de l'acier vietnamien, accusé d'être parti de Corée et passé par le pays de la péninsule indochinoise afin de ne pas être trop imposé.
Le gouvernement vietnamien de son côté tente de rassurer les États-Unis en leur assurant tout faire pour «résoudre les problèmes qui pourraient survenir». En parallèle, le pays tente aussi de se défaire de sa dépendance des exports vers les USA. Il a notamment signé en juin un accord de libre-échange avec l'UE.