Quentin Tarantino, qui a tourné Once Upon a Time... in Hollywood en 65 mm, remercie publiquement Christopher Nolan: c'est selon lui son spectaculaire Dunkerque qui a «mené la charge» et permis à la pellicule, à son grain et à sa douceur inimitables, de retrouver une place de choix dans l'industrie du cinéma.
En 2012, année où le numérique dépassait l'analogique à Hollywood, Kodak se plaçait sous le régime américain de la banqueroute, incapable de résister à l'ogre informatique auquel elle a pourtant donné naissance dans les années 1970. Six ans plus tard, 91% des plus gros succès du box-office se passaient totalement de pellicule, explique Bloomberg: Kodak a raté un virage important et semblait ne jamais pouvoir s'en remettre.
Résistance et tapis rouge
Et pourtant. Comparant la situation au retour du vinyle dans l'industrie de la musique, Kodak a su ces dernières années profiter d'un net regain d'intérêt pour la romantique pellicule, pourtant réputée beaucoup plus chère, moins maniable, difficile à adapter aux effets spéciaux modernes, donc boudée par nombre de producteurs et comptables de studios.
En 2020, quatre des neuf films nommés pour l'Oscar du meilleur film –le Tarantino déjà cité, Little Women de Greta Gerwig, The Irishman de Scorsese et Marriage Story de Noah Baumbach– ont été tournés sur une pellicule fournie par Eastman Kodak Co., entreprise fondée en 1888.
Si la fourniture de pellicule à l'industrie du cinéma ne représente qu'une fraction du business de Kodak, toujours en difficulté, ces succès critiques patents –ainsi ceux qu'ils appelleront sans doute à leur suite– permettent à la marque de regoûter à la publicité du tapis rouge et de retrouver un peu de lustre et de glamour. Deux ingrédients essentiels pour d'autres activités plus massives et lucratives.