La relation entre la Chine et les États-Unis était froide, elle est désormais glaciale. Le département de la Justice américain a ainsi annoncé poursuivre le géant chinois des télécoms Huawei, quatrième plus gros vendeur mondial de smartphones et fournisseur de solutions techniques pour opérateurs de téléphonie mobile, pour des faits d'espionnage industriel. Sa directrice financière est également visée par des accusations de fraudes bancaire et électronique.
L'origine du casus belli remonte à l'année 2014 quand T-Mobile, l'un des principaux opérateurs américains, a poursuivi Huawei pour vol de secrets industriels concernant un prototype de robot. En décembre dernier, Huawei s'est de nouveau retrouvé au cœur de l'actualité quand Meng Wanzhou, directrice financière de la firme et fille de son fondateur Ren Zhengfei, a été arrêtée au Canada. Meng Wanzhou est soupçonnée d'avoir falsifié les comptes de Skycom, une filiale de Huawei en Iran, pour contourner les sanctions américaines contre le pays –son extradition a été demandée par les États-Unis.
Cette affaire judiciaire vient renforcer la méfiance des autorités américaines envers l'entreprise chinoise, qu'elles accusent d'être un espion à la solde de Pékin. Aucune preuve concrète de la collusion n'a pu être avancée pour l'instant, ce qui n'a pas empêché l'administration américaine d'écarter l'opérateur incriminé du déploiement de son futur réseau mobile 5G. Elle a en cela déjà été imitée par ses homologues australiennes et néo-zélandaises. La France, l'Allemagne, la Grande-Bretagne ou le Canada sont, comme l'explique Bloomberg, en train de réfléchir à la question.
Une déclinaison de la guerre commerciale
Ce nouvel épisode dans la rivalité entre la Chine et les États-Unis continue d'alimenter la défiance entre les deux nations sur le plan technologique. Au mois d'août dernier, Donald Trump avait approuvé le nouveau budget de la Défense américaine, qui prévoit d'annuler les subventions de toute institution fédérale prise en train d'utiliser des produits chinois présents sur la liste noire –dont Huawei.
Des universités américaines se sont mis en adéquation avec la loi en remplaçant leur matériel de vidéo-conférence, leurs systèmes audio ou tout autre équipement susceptibles de tomber dans le viseur des autorités. Les facultés craignent, en ne se conformant pas à cette nouvelle réglementation, de perdre leurs bourses de recherche.
Pour répondre à ces critiques, Eric Xu, l'un des PDG de la société, affirme à CNBC que «ces remarques sont nées de motivations politiques et ne sont pas du tout fondées sur des faits. Toutes ces suspicions n'ont pas de preuves substantielles».