Qu'est-ce qui est liquide, jaune, et qui rapporte plus que le trafic de cocaïne? Réponse: l'huile de friture usagée. Alors que le prix de l'huile connaît une hausse vertigineuse, une vague de cambriolages frappe les restaurants à New York, raconte le Wall Street Journal.
«Les gars se font 1.500 dollars par jour. C'est encore plus lucratif que le crack», soupire Sumit Majumdar, propriétaire de Buffalo Biodiesel, qui collecte l'huile usagée dans les restaurants.
Au cours des trois dernières années, un de ses clients s'est ainsi fait voler pour 30.000 dollars d'huile de friture. Son entreprise s'attend à perdre 10 millions de dollars en raison des vols d'huile, indique le directeur, malgré les nouvelles serrures installées sur les bennes à ordures des restaurants avec lesquels il travaille.
Cette hausse des prix est notamment provoquée par les régulations sur les émissions de CO2, qui encouragent la consommation de biocarburant et font donc grimper les prix de l'huile de soja ou de maïs, qui servent à la fois de carburant et pour l'agroalimentaire. L'épidémie de Covid a aussi mis sous pression le secteur de l'huile de palme, également utilisée pour la friture.
Or gras
Pour limiter les coûts, plusieurs chaînes de restauration ont dû revoir leurs prix à la hausse. David Wagner, qui détient deux restaurants grills à New York, a ainsi dû augmenter le prix de ses chicken wings de 20%, et demande à ses employés de ne pas trop chauffer l'huile afin qu'elle s'abîme moins vite. Une autre astuce consiste à servir des rondelles d'oignons panés car la panure empêche l'huile de se salir. Certains restaurants utilisent du poulet cuit plutôt que cru car cela consomme moins d'huile.
Mais le plus gros défi reste celui de surveiller son huile convoitée par les voleurs. L'huile usagée, pouvant elle-même être recyclée en biocarburant, a vu sa valeur bondir au cours des derniers mois.
Selon l'agence Fastmarkets The Jacobsen, l'huile usagée se revend désormais 1,8 dollar le kilo, soit 80% plus cher qu'un an auparavant. En juin, des voleurs ont siphonné une benne à ordures de 1.300 litres contenant l'huile usée d'un restaurant de David Wagner.
L'huile de friture n'est pas le seul butin convoité par les malfaiteurs. En France, ce sont les vols de câbles en cuivre qui se multiplient. Dans le Nord, le maire d'Oxelaëre a constaté avec stupeur un dimanche midi que vingt-cinq lampadaires étaient hors service.
«Sur 1,2 kilomètre, tous les câbles en cuivre avaient été volés», se lamente l'édile sur TF1. En Mayenne, un artisan s'est fait voler en juin 85 mètres linéaires de bois sur un chantier, alors que le prix du bois massif était en pleine flambée.
En août, des malfrats avaient dérobé 12 hectares de mirabelles dans un verger en Moselle. Les pots catalytiques, qui contiennent du rhodium, un métal 14 fois plus cher que l'or, font également partie des cibles privilégiées par les voleurs.
Bref, tout ou presque est susceptible de disparaître. En attendant, il faudra peut-être bientôt installer des vigiles devant les McDonald's. Histoire de ne pas devoir manger des frites crues.