En France comme dans le reste du monde, le confinement a donné à beaucoup de citadins des envies de nature, de s'installer dans des endroits où, pour le prix d'un appartement réduit en métropole, il est possible de s'offrir plus d'espace, voire un jardin.
Par conséquent, si les prix dans les villes majeures connaissent leur première (légère) baisse depuis très longtemps, l'immobilier s'envole à la campagne, et l'offre a bien du mal à répondre à la demande. C'est particulièrement le cas aux États-Unis, où certains territoires connaissent une réelle pénurie de biens, un phénomène renforcé par l'irruption de très voraces fonds de pension sur le marché.
Dans les petites villes, les prix sont ainsi montés en flèche ces derniers mois. Dans des zones semi-rurales, où les maisons attendaient d'ordinaire plusieurs mois sur le marché, elles partent désormais en 48 heures et sont payées cash. Le prix de la construction est aussi monté dans les tours, en partie du fait d'une très forte demande en bois de construction, que les scieries ont du mal à suivre.
Ces prix et la demande à foison devraient logiquement faire le bonheur des agences immobilières. Pourtant, à cause d'un marché devenu ultraconcurrentiel, elles s'arrachent les cheveux.
Danny Hazim, un agent immobilier de Bethlehem, une petite ville à une centaine de kilomètres de New York et Philadelphie, explique au Wall Street Journal que malgré des journées de douze heures, 7 jours sur 7, il n'est parvenu à conclure que cinq achats en un mois. «Avec autant d'heures nécessaires à conclure les ventes, ça va revenir au salaire minimum», se lamente-t-il. Sans compter la frustration de sa clientèle, qui multiplie les offres refusées.
Propriétaires frileux
Car si un certain nombre de propriétaires désirent vendre pendant que les prix sont au plus haut, ils hésitent à passer à l'acte, sachant qu'ils se heurteront à leur tour à un marché difficile lorsque viendra le moment de chercher un nouveau logement.
Au Canada, la situation est encore plus sérieuse, au point d'être en passe de modifier le mode de vie de la classe moyenne, explique Bloomberg.
Pour les Canadiens et les Canadiennes, l'entrée dans la classe moyenne a longtemps été synonyme de propriété avec maison et terrain. Le pays dispose en effet à la fois d'un haut taux de propriétaires (68,5%, contre 65,3% aux États-Unis et 65,1% en France) et des maisons parmi les plus grandes du monde en moyenne.
Seulement, l'excès de demande récent fait que le pays, l'un des plus vastes de la planète, manque de place autour de ses grandes villes –précisément là où réside et travaille la classe moyenne.
«Pour les primo-accédants typiques: un jeune couple qui débute, il est bien plus réaliste de se tourner vers un appartement», explique un membre de la Royal Bank of Canada. Autrement dit, les Américains du Nord vont peut-être devoir se résoudre à vivre comme des Européens.