«C'est la vente aux enchères du siècle», annonce le site Corriere della Serra. En plein cœur de Rome, la Villa Ludovisi pourrait bien devenir une des maisons les plus chères du monde.
À la suite d'un long conflit non résolu entre héritiers, la demeure datant de la Renaissance vient d'être proposée à la vente pour une valeur estimée à 471 millions d'euros. Si elle partait à ce prix, la villa romaine deviendrait la quatrième propriété la plus chère du monde.
Ce n'est pourtant ni sa superficie (2.800 mètres carrés), ni son architecture exceptionnelle qui expliquent ce prix exorbitant. Le Casino dell'Aurora renferme en fait une œuvre d'une valeur quasi-inestimable: la seule peinture murale au monde du célèbre peintre italien Le Caravage.
Réalisée autour de 1597, elle est intitulée Jupiter, Neptune et Pluton et mesure 2,75 mètres de large. À l'époque, l'œuvre est commandée au Caravage par le cardinal Francesco Maria del Monte, qui souhaite orner le plafond de son cabinet d'alchimie, rappelle Alessandro Zuccari, professeur d'histoire à l'université Sapienza de Rome ayant supervisé l'estimation de la villa.
Mission qui n'a pas été une mince affaire. «C'est un travail extraordinaire qu'il a été difficile d'estimer, étant donné qu'il s'agit de la seule peinture murale du Caravage et que nous n'avons pas de point de comparaison, relate le professeur Zuccari. On peut procéder par analogie, en se référant à la toile Judith décapitant Holopherne [attribuée au Caravage] récemment découverte à Toulouse.»
La toile, estimée entre 100 et 150 millions d'euros, avait été achetée –à un prix alors inconnu– par un acquéreur étranger en 2019 avant sa vente officielle aux enchères. Sur cette base, le Caravage de la Villa Ludovisi a été estimé à lui seul à 310,8 millions d'euros, soit une bonne partie des 471 millions de la demeure.
Clair-obscur et grosses pépettes
Mais ce n'est pas le seul trésor que renferme la bâtisse. Celle-ci contient aussi trois fresques du peintre baroque Guerchin, deux immenses peintures du Guerchin et d'Agostino Tassi, une exceptionnelle collection de statues antiques, un extraordinaire escalier en colimaçon, ainsi que d'autres salles décorées par le Dominiquin, Guerchin, Paul Bril ou encore Giovanni Luigi Valesio. Un véritable petit musée.
La vente aux enchères, prévue pour le 18 janvier 2022, sera réservée à 20.000 privilégiés parmi les plus grandes fortunes mondiales. Mais même s'ils peuvent aligner les milliards en cash, il n'est pas sûr qu'ils puissent mettre la main sur ce joyau.
Comme l'explique le Corriere della Serra, s'agissant d'un bien culturel, l'État italien possède un droit de préemption. Par le passé, plusieurs prestigieux bâtiments ont ainsi été achetés à des descendants de grandes familles italiennes, comme le palais Chigi, où se déroule à présent le Conseil des ministres.
«Le problème est de savoir si l'État pourra payer un prix aussi important», doute Alessandro Zuccari. De plus, l'acquéreur de la villa, quel qu'il soit, devra débourser 11 millions d'euros supplémentaires pour sa rénovation.