Le Sewelô, second plus gros diamant brut au monde, a été découvert par Lucara en 2019. | Stéphane de Sakutin / AFP
Le Sewelô, second plus gros diamant brut au monde, a été découvert par Lucara en 2019. | Stéphane de Sakutin / AFP

Eira Thomas, la femme qui disrupte l'industrie du diamant

Fondatrice et PDG de Lucara, la Canadienne mise sur la technologie pour gagner la chasse aux carats.

Le Sewelô (1.758 carats), récemment acquis par LVMH, est le deuxième plus gros diamant brut au monde, derrière le Cullinan (3.106 carats). Extrait de la mine de Karowe au Botswana, il mesure la taille d'une balle de tennis. On doit sa découverte à une entreprise canadienne qui bouleverse le secteur: Lucara.

Enfant, Eira Thomas accompagnait souvent son père lors d'expéditions dans les Territoires du Nord-Ouest, où il cherchait des métaux rares. En 1991, alors qu'elle avait 22 ans et terminé ses études de géologie, celui-ci lui a demandé de l'aider à chercher des diamants. «Papa, il n'y a pas de diamants au Canada, tout le monde sait ça», lui a-t-elle répondu.

En réalité, les premiers cailloux précieux canadiens venaient d'être trouvés. Un an plus tard, Eira et son père mettent à jour –dans des conditions extrêmes– le gisement de Diavik, qui a depuis généré plus de 100 millions de carats. Le Canada est désormais responsable de 16% de la production mondiale de diamants.

Rayons X et blockchain

Eira Thomas, Catherine McLeod-Seltzer et Lukas Lundin ont fondé Lucara en 2007 pour prospecter des diamants au Botswana, l'une des rares démocraties stables d'Afrique australe.

En 2009, l'entreprise a racheté à De Beers le site Karowe AK6 pour 70 millions de dollars. Le conglomérat sud-africain avait pulvérisé les diamants en surface, mais les échantillons montraient que le gisement était encore riche. Première innovation: Lucara a utilisé la centrifugation, moins brutale que le concassage.

Réalisant que le gisement recelait des diamants bruts exceptionnels, Eira Thomas, avec l'aide du géologiste John Armstrong, a ensuite eu recours aux rayons X pour détecter la signature atomique des pierres, une technique alors peu employée dans l'industrie minière: deuxième innovation.

En 2014, Lucara a investi plus de 50 millions de dollars dans la multinationale Tomra, qui lui a fourni des machines à rayons X dont l'installation a été terminée en avril 2015. Après des débuts infructueux, le jackpot a été décroché.

Au bout d'une semaine, un diamant de 269 carats a été trouvé, qui s'est vendu 20 millions de dollars. Sept mois plus tard, Lucara tombe sur une pierre de 813 carats. D'autres ont suivi, pour une valeur totale d'environ 100 millions de dollars. Le pinacle a été atteint avec la découverte du Sewelô, en 2019.

Troisième et dernière innovation en date: en 2017, Lucara a mis en place une plateforme sécurisée utilisant la blockchain, Clara, afin de pouvoir vendre des diamants bruts à des particuliers. Elle maîtrise désormais l'ensemble de la chaîne de valeur.

En ce moment

En Finlande, les prix de l'électricité sont désormais négatifs

Biz

En Finlande, les prix de l'électricité sont désormais négatifs

Une aubaine pour la population, mais pas pour les fournisseurs.

Sur Google, bientôt des pubs entièrement créées par l'intelligence artificielle

Tech

Sur Google, bientôt des pubs entièrement créées par l'intelligence artificielle

Encore un métier qui pourrait être remplacé: celui de créa.

Pourquoi les lancements de fusées sont une catastrophe pour la biodiversité

Tech

Pourquoi les lancements de fusées sont une catastrophe pour la biodiversité

Deux spécialistes sonnent l'alerte, alors que nous envoyons de plus en plus d'objets dans l'espace.