Pour atteindre ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), le Royaume-Uni devrait interdire la publicité pour les SUV (sports utility vehicle ou «véhicules utilitaires sport»). C'est du moins ce que recommandent le think tank New Weather Institute et l'ONG Possible dans un rapport conjoint.
Le succès croissant des ces véhicules XXL tourne à la catastrophe écologique: selon l'Agence internationale de l'énergie, il est la deuxième cause la plus importante de l'augmentation des émissions mondiales de GES depuis 2010. Logique: les SUV sont plus gros, plus lourds, plus gourmands en carburant et donc plus polluants.
En dix ans, le nombre de SUV dans le monde est passé de 35 millions à 200 millions. Cette hausse de 165 millions d'unités représente 60% de l'augmentation du nombre mondial de voitures depuis 2010.
Et pour cause: les publicités des constructeurs automobiles –qui représentaient un coût de 30 milliards d'euros dans le monde en 2019– sont de plus en plus focalisées sur les très populaires SUV. Par exemple, entre 2016 et 2018, la part de ces véhicules dans les dépenses marketing de Ford aux États-Unis est passée de 50 à 85%.
Minimum syndical
«Les SUV sont vendus comme protecteurs pour les conducteurs, [mais] leur taille, leur poids et leur niveau de pollution créent un environnement urbain plus dangereux et plus toxique pour les usagers de la route et les piétons», dénonce le rapport.
Ces engins sont effectivement deux à trois fois plus dangereux pour les personnes circulant à pied. En cas de collision, elles risquent fortement de passer sous les roues et de se faire écraser, alors qu'elles se retrouvent plus souvent sur le capot et le pare-brise avec des véhicules plus petits.
Cet essor sans fin des SUV menace clairement les objectifs de réduction des émissions de GES. L'interdiction de leur publicité, sur le modèle de ce qui a pu être imaginé pour le tabac, encouragerait l'industrie automobile à réorienter son marketing –voire sa production– sur des véhicules dits propres ou a minima moins polluants.
En France, la Convention citoyenne pour le climat a elle aussi préconisé l'interdiction des publicités pour les SUV dans les espaces publics, en juin 2020. Le gouvernement semble aujourd'hui se diriger vers une solution moins contraignante.
Un message de prévention, conseillant de privilégier d'autres modes de déplacement, sera ajouté –sans doute de manière furtive– aux publicités pour les véhicules polluants. Une injonction contradictoire de plus, à la manière du «évitez de manger trop gras, trop sucré, trop salé» incorporé à la réclame pour... les aliments gras, sucrés et salés.