Partir avant la nuit? Quelle drôle d'idée! | Alex Knight via Unsplash
Partir avant la nuit? Quelle drôle d'idée! | Alex Knight via Unsplash

Quitter son bureau à 18 heures: c'est l'objectif insensé de l'héroïne d'une série japonaise à succès

«Watashi, Teiji de Kaerimasu» explore l'une des grandes plaies de la société nippone: la culture des heures supplémentaires.

Au Japon, on ne plaisante pas avec le travail. On peut en revanche en faire une série à suspense, comme le rapporte le New York Times. C'est ce qu'a fait le réseau nippon TBS avec Watashi, Teiji de Kaerimasuque l'on pourrait traduire par «Je ne ferai pas d'heures supplémentaires».

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Dans ce programme plutôt suivi, dont le scénario s'inspire d'un roman signé Kaeruko Akeno, une salariée d'une trentaine d'années essaie désespérément de quitter son poste à 18 heures chaque soir, sans y parvenir.

En cause: la culture japonaise des heures supplémentaires. Celles-ci sont parfois imposées par les règles tacites en place dans les «entreprises noires», les black kigyō, des sociétés connues pour l'exploitation sans vergogne de leur personnel.

Mais le plus souvent, ce sont les employé·es qui s'imposent ces cadences infernales. L'impression –confirmée ou non– qu'elles sont une condition sine qua non de promotion interne, et plus généralement la grande valeur accordée au travail à la dure, les poussent à un dépassement de soi parfois malsain.

Le travail n'est pas toujours la santé

Ces horaires étendus jusqu'à la déraison sont une calamité sociale pour les salarié·es comme pour leurs proches, doublée d'une catastrophe sanitaire pour le pays.

Le karoshi, la mort subite par excès de travail, n'est pas une légende. The Asahi Simbun rapportait qu'en 2017, 190 personnes étaient mortes à cause de leur emploi, par surmenage ou suicide.

Selon les statistiques du ministère du Travail de l'archipel, 90% de ces cas mortels concernaient des individus ayant effectué plus de 80 heures supplémentaires mensuelles (la limite basse pour considérer un décès comme relevant du karoshi), le chiffre grimpant jusqu'à 100 heures pour 50% des victimes.

Après avoir plafonné les heures supplémentaires à 100 heures mensuelles en 2017, mesure présentée pour lutter contre le présentéisme morbide mais sans effet réel, le gouvernement japonais est allé plus loin début avril en les limitant dans les grandes corporations à 45 heures par mois. Une évolution des habitudes pourrait surtout venir des jeunes générations, moins enclines que les précédentes à s'offrir corps et âme aux employeurs.

Quant à Yui Higashiyama, l'héroïne du programme TV en question, a-t-elle finalement réussi à rentrer à une heure décente chez elle? Les fans de la série devront attendre encore un peu pour le savoir: le New York Times raconte que le finale de Watashi, Teiji de Kaerimasu a été interrompu par un message d'urgence, diffusé après un petit tremblement de terre dans le nord-ouest du pays.

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