Le 4 décembre dernier, le studio Epic Games annonçait l'ouverture de sa propre boutique de vente de jeux vidéo en ligne. L'objectif affiché par l'éditeur de Fortnite est de se poser en concurrent du mastodonte Steam, plateforme lancée en 2003 par le studio de développement Valve (Half-Life, Counter Strike, Left 4 Dead, etc).
Epic Games avance quelques solides arguments: une plus juste rétribution des studios, une relation directe avec les joueurs et joueuses et le partage de technologies éprouvées, ce qui pourrait changer bien des choses.
Une commission plus raisonnable
Steam, la plateforme dominante du secteur du jeu sur PC avec quatre-vingt-dix millions d'utilisateurs et utilisatrices actives chaque mois, ponctionne environ 30% des recettes générées par les ventes de jeux vidéo. Epic, pour sa part, annonce ne prélever que 12% aux studios qui passeront par son store. Une différence notable pouvant attirer davantage de petits développeurs ou leur permettant d'envisager leurs futures productions un peu plus confortablement.
Plus d'investissements dans du nouveau contenu et de l'innovation.
Dans une discussion sur Reddit, Tim Sweeney, le PDG d'Epic, a répondu aux questions des gamers à propos de son arrivée sur le marché. «Quand plusieurs magasins sont en concurrence, il en résulte un mélange de prix plus avantageux pour vous, de meilleures offres pour les développeurs et plus d'investissements dans du nouveau contenu et de l'innovation. […] Il y a une différence de 18%, et la plupart des développeurs font largement moins que 18% de moins de marge: cet écart peut donc permettre de financer un nouveau jeu et éviter à certains de faire banqueroute.»
Face aux ambitions affichées du nouveau venu, Steam n’est pas resté inactif: la plateforme a annoncé une nouvelle grille de répartition des revenus, avec une commission dégressive en fonction du succès d'un jeu.
La technique en partage
Autre atout financier important pour les développeurs et les studios: ceux dont les productions sont basées sur l'Unreal Engine, le moteur graphique d'Epic Games, et qui les distribuent sur le store du développeur américain n'auront pas à payer de royalties sur l'utilisation de la technologie. Une économie non négligeable, qui devrait attirer nombre de développeurs vers ce moteur plutôt que vers ses concurrents (Unity, le CryEngine de CryTek ou le plus récent Lumberyard d'Amazon), auxquels la plateforme n'est pas pour autant fermée.
Enfin, et c'est peut-être l'annonce qui pourrait faire basculer les choses en faveur du petit nouveau: Epic Games a annoncé que les outils développés pour le online sur tous supports de Fortnite, qui expliquent en partie son carton mondial, seraient progressivement mis à disposition de tous les studios qui le souhaiteraient –de quoi booster de plus petites productions en leur permettant d'accéder gratuitement à une boîte à outils ayant déjà fait ses preuves.
Epic promet également d'offrir à sa clientèle un jeu gratuit toutes les deux semaines: l’excellent Subnautica a ouvert le bal, suivi de Super Meat Boy puis du très marquant et hautement recommandé What Remains of Edith Finch.
Image tirée de What Remains of Edith Finch, jeu offert pendant deux semaines sur l'Epic Games Store | Epic Games
Autre réussite: face au très installé Steam et ses rayons plein de hits, l'Epic Games Store est parvenu à attirer quelques exclusivités temporaires (Ubisoft a annoncé que The Division 2 ne sortirait que sur cette plateforme) et accès anticipés (à Hades, par exemple), miel parfait pour attirer quelques gamers supplémentaires –ou exaspérer celles et ceux que la multiplication des plateformes irrite.