Fondée en 1472 à Sienne en Italie, la Banca Monte dei Paschi di Siena (BMPS) est la plus ancienne banque en activité du monde. En 549 ans, elle a traversé les guerres, la peste et les crises financières. Mais les jours de ce fleuron de la finance italienne sont aujourd'hui comptés.
En juillet, la banque est arrivée bonne dernière du stress test organisé par l'Autorité bancaire européenne (EBA), sur les cinquante banques évaluées. Dans le pire des scénarios, BMPS ferait face à des fonds propres négatifs à l'horizon 2023.
Sa compatriote UniCredit, qui lorgnait depuis longtemps sur ses activités, a annoncé le 30 juillet dernier être en négociations exclusives avec l'État italien, qui détient encore 64% du capital, pour la reprise de BMPS.
Mort, finance et crise économique
Les ennuis ont débuté en 2008, lorsque la banque a acquis sa concurrente, Antonveneta, pour un prix jugé extrêmement élevé, raconte le New York Times. S'est ensuivi un scandale, sur fond de soupçons de tromperie, de maquillages financiers, et même du décès suspect de son responsable de la communication, retrouvé mort sous la fenêtre de son bureau en 2013.
Plongée dans les difficultés financières aggravées par la crise de 2008, BMPS a procédé à plusieurs augmentations de capital et de nombreuses suppressions d'emplois avant d'être sauvée in extremis par l'État italien en 2017. Un accord validé par la Commission Européenne à la condition de revendre sa part avant 2022.
Un morceau d'histoire
Il devenait donc urgent de trouver un repreneur, et les candidats ne se bousculaient pas au portillon, compte tenu des créances douteuses et litiges en cours. Les actionnaires réclament notamment 10 milliards d'euros de dommages et intérêts. Avant de lancer son offre, UniCredit a donc posé ses conditions, et refuse de prendre en charge ces pertes potentielles.
À Sienne, le désarroi est immense: «Abandonner le contrôle à UniCredit à Milan, ce serait comme perdre une fille», témoigne un habitant dans le New York Times. L'avenir de la banque mobilise tous les élus locaux, d'autant plus que c'est le principal employeur de la ville. Le siège emploie à lui seul 1.400 personnes et, selon Reuters, un tiers des 21.000 postes de l'entreprise est menacé.
Le Mouvement 5 étoiles, membre de la coalition gouvernementale, s'oppose par ailleurs à la vente et affirme vouloir créer «une banque d'État» pour aider les petites entreprises locales. «Monte dei Paschi subsistera probablement en tant que marque et les clients ne remarqueront probablement pas beaucoup de différence, du moins au début, selon le New York Times. Mais la banque cessera d'être une entité autonome et une mémoire vivante de l'invention de la banque moderne par les marchands italiens de la Renaissance.»