Aux États-Unis, LE pays des régimes, deux adversaires s'affrontent âprement sur le terrain du low carb, un «mode de vie pauvre en glucides», comme il se définit lui-même.
À ma droite, ses farouches partisans qui accusent le sucre de tous les maux (obésité, diabète, maladies cardiovasculaires...). À ma gauche, les défenseurs des glucides qui dénoncent un régime low carb déséquilibré, riche en graisses saturées et pauvre en fibres et nutriments essentiels comme les fruits, les légumes et les céréales complètes, déjà bien rares dans l'alimentation des Américains.
Derrière cette apparente guerre idéologique se cache en fait une bataille de puissants lobbies qui tentent de modifier les recommandations nutritionnelles officielles en leur faveur. La tension est à son comble, alors que les nouvelles directives doivent paraître en décembre, rapporte le Wall Street Journal.
À l'instar du PNNS français (Programme national nutrition santé), ces normes, mises à jour tous les cinq ans, ont un large impact: elles aident à déterminer les programmes de repas scolaires, à orienter les efforts de promotion de la santé au niveau de l'État et au niveau local, et à influencer la production des entreprises alimentaires.
«Les gens ont maintenant peur de manger des bananes»
On comprend donc l'enjeu pour chaque camp de saper les arguments des adversaires. L'un des leaders du lobby des aliments à faible teneur en glucides est le Low-Carb Action Network, qui revendique 550 membres dont 230 professionnels de santé. Il est rejoint dans sa bataille par la puissante Association américaine du diabète et de nombreux autres industriels d'aliments low carb.
De l'autre côté, nombre de médecins sont vent debout contre cette nouvelle tendance. «La diabolisation des glucides est due à notre incapacité à séparer les glucides malsains des glucides sains. Les gens ont maintenant peur de manger des bananes parce qu'ils pensent que cela va provoquer le diabète», s'énerve Shivam Joshi, médecin spécialiste des soins primaires et du mode de vie à l'hôpital Bellevue de Manhattan.
Pour le moment, la balance semble pencher en faveur des pro-glucides. Au cours d'audiences publiques houleuses, les partisans des régimes low carb ont fait pression, sans résultat, pour inclure une option de régime à faible teneur en glucides dans les nouvelles directives alimentaires.
Devant le rejet de leur requête, leurs avocats ont demandé que soit inclue dans la version finale une déclaration bien visible selon laquelle les recommandations officielles s'adressent «uniquement aux Américains en bonne santé». À l'exclusion, donc, de tous ceux souffrant de diabète, de cholestérol ou d'obésité... Un bon paquet de personnes, tout de même.