«Range ta chambre!» «Tu ne vas quand même pas passer trois heures sur ce truc de gamin, tu vas t'abrutir!» «Chérie, on t'attend depuis une heure pour le dîner!» «Tu ne retrouveras jamais de travail si tu passes tes journées sur Fortnite!»
Celles et ceux qui s'adonnent un peu trop longuement aux jeux vidéo, et notamment les ados pressé·es par leurs parents de s'orienter vers une carrière rétributrice, sauront désormais que répondre aux rodomontades accompagnant généralement la pratique de leur loisir.
Sans même penser à sa création, le simple fait de jouer à un jeu vidéo peut rapporter beaucoup d'argent: le Wall Street Journal a récemment indiqué que les gros éditeurs de jeux vidéo (Electronic Arts, Ubisoft, Blizzard ou Take-Two notamment) pouvaient payer jusqu'à 50.000 dollars par heure (près de 45.000 euros) les streamers les plus suivi·es sur les plateformes ad hoc, Twitch ou YouTube notamment.
Des contrats à six chiffres
Rien de nouveau dans le fait que les studios paient des influenceur·euses pour diffuser en direct des images in game de leurs dernières productions à leurs très larges communautés. Le streamer Ninja compte par exemple plus de 14 millions de followers sur Twitch, et ses vidéos y ont été vues plus de 450 millions de fois: l'impact publicitaire lorsqu'il s'empare d'un jeu en direct est évidemment gigantesque, bien plus que celui de simples publicités moins engageantes.
Le site spécialisé Kotaku est allé plus loin dans les investigations. Il rapporte de son côté que la somme de 50.000 dollars de l'heure, évoquée par le Wall Street Journal, est régulièrement dépassée. Patron de Online Performers Group, représentant de streamers plus modestes tels Cohn Carnage (1,1 million de followers) ou Professor Broman (700.000 followers), Omeed Dariani a ainsi donné quelques indications chiffrées accentuant encore le tournis initial.
«Nous avons vu des offres allant bien au-delà de 50.000 dollars de l'heure, ainsi que des propositions à six ou sept chiffres pour des deals à long terme, explique-t-il à Kotaku. Je ne peux dire de qui il s'agit, car ces paiements sont confidentiels. Nous avons eu une offre d'un éditeur AAA, qui portait sur 60.000 dollars sur deux heures. Le streamer l'a refusée –l'éditeur a alors proposé une sorte de chèque en blanc, qui a également été refusé.»
L'importance de ces influenceur·euses dans les plans marketing entourant la sortie d'un jeu est grandissante. Reuters rapportait l'an passé qu'Electronic Arts avait offert un million de dollars à Ninja pour promouvoir le jour de sa sortie, via un tweet et une session sur Twitch, le jeu Apex Legends, alors présenté comme un concurrent potentiel au phénoménal Fortnite.
Kotaku rappelle enfin qu'aux États-Unis comme en France, des règles juridiques et éthiques ont été fixées pour ce qui concerne une forme nouvelle de publi-rédactionnel ou de placement de produit. Lesdites règles semblent toutefois difficiles à faire respecter de manière claire et transparente.