Près de 35.000 homicides au total, soit quatre-vingt-quinze par jour ou quatre par heure: 2019 restera comme une année noire pour le Mexique. Cette violence est notamment accentuée par la prolifération d'armes en tout genre, que les différents cartels n'ont aucun mal à se procurer.
En octobre 2019, une sanglante fusillade entre le cartel de Sinaloa et les forces mexicaines a eu lieu à Culiacán, dans le nord-ouest du pays. Les quelques armes récupérées après le combat, qui a fait huit morts et vingt blessé·es, a permis de mettre en lumière leur provenance.
Des AK de fabrication roumaine, une mitrailleuse légère FN Minimi de Belgique ou des armes de poing originaires d'Italie ont été identifiées par les services de recherche sur les armements (ARES), indique Vice.
Deux voies d'acheminement
Les chiffres rapportés par le média américain révèlent l'envers du décor: un tiers des deux millions d'armes à feu introduites en contrebande ces dix dernières années au Mexique proviennent d'Europe, selon le secrétariat à la Défense nationale du Mexique (SEDENA).
Vendues aux États-Unis sous licence de l'Union européenne, ces armes sont achetées légalement sur le territoire américain avant de transiter vers le Mexique et de finir entre les mains des cartels. Chaque année, près de 200.000 armes à feu sont introduites en contrebande dans le pays.
Depuis 2009, 70% des armes récupérées sur les scènes de crime au Mexique ont été obtenues aux États-Unis et ont fait l'objet d'un trafic transfrontalier.
Mais les armureries des cartels se remplissent également via une autre voie: il serait courant que les trafiquants de drogue détournent les armes des forces de sécurité mexicaines, qui se fournissent elles aussi auprès des pays européens.
Le journaliste américain Robin Eveleigh note qu'en 2018, les États membres de l'UE ont autorisé 105 millions d'euros d'exportations d'armes vers le Mexique, et qu'une partie de ces armes ont été perdues ou volées à la police mexicaine.
Il semblerait pourtant que les pays européens aient désormais du mal à fermer les yeux sur les violences au Mexique, qu'ils favorisent indirectement.
Alors que les États-Unis ont annoncé fin 2019 le lancement d'un nouveau programme pour lutter contre le trafic d'armes chez leur voisin, l'opération Frozen, l'Union européenne devrait probablement proposer «quelque chose de similaire», a déclaré à Vice une source proche du gouvernement mexicain.