Uber ou Lyft ont peut-être servi d'exemple. Malgré l'hypercroissance, les géants du ride hailing peinent à convaincre les financiers de leur capacité à dégager des profits durables et se sont pris les pieds, en 2019, dans des introductions boursières calamiteuses.
Le secteur des trottinettes électriques en libre-service s'est lui aussi développé à une vitesse ahurissante, chaque entreprise dépensant sans compter pour conquérir de nouveaux marchés. Mais comme le relève Axios, ce marché qui n'est toujours pas rentable semble entrer dans une nouvelle phase: celui du darwinisme des start-ups et de la survie du plus fort.
Ces derniers mois, Bird, Scoot, Lyft ou Skip ont toutes dû procéder à des ajustements plus ou moins importants –comprendre, dans la plupart des cas, à des licenciements secs et à des retraits précipités de plusieurs aires urbaines.
Au tour de Lime de trancher dans le vif, et de manière conséquente: la plus grosse entreprise du secteur a annoncé le départ de 14% de ses salarié·es, soit une centaine de personnes, et l'abandon d'une douzaine de villes, telles Atlanta, Phoenix et San Diego aux États-Unis, Linz en Autriche, Rio, São Paulo, Bogota et Buenos Aires en Amérique du Sud.
Grandes promesses
Dans un communiqué publié en ligne et titré «La voie à suivre», le patron de Lime Brad Bao met en cause le développement moins rapide que prévu de la micro-mobilité dans certaines régions.
«Une partie de notre objectif de transformation de la mobilité urbaine passe par l'indépendance financière; c'est pourquoi nous allons désormais nous concentrer en priorité sur la profitabilité», peut-on lire.
En clair: les investisseurs commencent à se lasser des start-ups et licornes qui brûlent du cash sans offrir de perspective de retour sur investissement, même si une partie d'entre elles continuent de vendre de l'espoir et parviennent encore à lever des fonds.
Pour Lime, l'urgence est réelle: selon The Information, la société au citron aurait creusé un trou de 300 millions de dollars [270 millions d'euros] en 2019. Brad Bao continue pourtant de croire que la lumière peut s'allumer dès 2020. «Nous sommes très confiants dans le fait que Lime sera cette année la première compagnie de micro-mobilité à être profitable», rassure-t-il, promettant qu'une durabilité accrue des trottinettes permettra de changer la donne.
Reste que ces décisions ont un impact plus large que sur l'entreprise elle-même: en sus de ses bientôt ex-employé·es, Bao n'oublie pas de remercier les juicers qui, dans les villes abandonnées, ont sué sang et eau pour recharger ses engins mais se retrouvent désormais sans activité.