Le président de la Nation navajo, Jonathan Nez, au Monument Valley Tribal Park. | Mark Ralston / AFP
Le président de la Nation navajo, Jonathan Nez, au Monument Valley Tribal Park. | Mark Ralston / AFP

Comment la Nation navajo s'est retrouvée prisonnière du charbon

L'entreprise qui devait aider le territoire dans sa transition énergétique est devenue un géant du charbon.

Cinq siècles après l'arrivée de Christophe Colomb sur le continent, la plupart des Amérindien·nes restent des citoyen·nes de seconde zone aux États-Unis. Le territoire autonome de la Nation navajo s'étend entre l'Utah, l'Arizona et le Nouveau-Mexique. 175.000 personnes y vivent, avec un revenu médian par foyer de 30.000 dollars [26.667 euros]. Un quart des logements n'ont pas accès à l'électricité.

Les Navajos ont été durement touché·es par le coronavirus. En novembre 2019, la mine de Kayenta et la centrale électrique Navajo qu'elle alimentait ont fermé. 800 emplois relativement bien payés ont disparu, ainsi qu'une source gratuite de charbon pour le chauffage. La Nation est extrêmement dépendante de cette industrie.

Pour cette raison, la Navajo Transitional Energy Company (NTEC) livre du charbon gratuit aux familles à travers le territoire. «Il est difficile de s'inquiéter de votre empreinte carbone lorsque l'alternative consiste à mourir de froid», explique son président, l'avocat Timothy McLaughlin.

Cette société détenue par la Nation navajo a été créée il y a sept ans pour l'aider à réaliser sa transition vers d'autres activités économiques, en raison du déclin du charbon. Pour cela, elle dispose de deux leviers: le rachat des mines en difficulté aux entreprises exploitantes –pour réinjecter l'argent dans la Nation– et le développement d'autres sources de revenus.

Promesses oubliées

En 2013, la NTEC a racheté la Navajo Mine à BHP Billiton. Le bilan est positif: 700 emplois sauvés, une centrale électrique préservée et 233 millions de dollars [207 millions d'euros] générés par la mine depuis lors.

En revanche, en 2018, la NTEC n'est pas parvenue à se mettre d'accord avec les propriétaires de la mine de Kayenta mentionnée plus haut, que son propriétaire a donc brutalement fermée avec la centrale voisine, faisant disparaître 40 millions de dollars annuels de royalties sur le charbon, soit un quart des revenus de la Nation navajo.

Enfin, en août 2019, l'entité a racheté trois énormes mines bien loin de la Nation navajo, au Wyoming et au Montana, à l'entreprise en faillite Cloud Peak Energy pour 100 millions de dollars [88,86 millions d'euros]. Cela a décuplé la production de charbon détenue par la NTEC –passée à 60 millions de tonnes annuelles– et fait d'elle le troisième producteur américain.

Les autorités tribales n'ont pas été consultées. «On se dirigeait vers les énergies renouvelables. Maintenant, nous possédons quatre mines de charbon», soupire le vice-président de la Nation, Myron Lizer. La prochaine acquisition prévue est une mine de terres rares au Texas.

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