«Chez Nestlé, nous aidons les enfants à mieux manger.» C'est ce qui est écrit, en gros titre, sur la page d'accueil de Nestlé France. Malheureusement, la vérité est un peu moins reluisante pour le géant suisse de l'agroalimentaire.
Un document interne dévoilé par le Financial Times révèle qu'à peine 37% des revenus du groupe (à l'exclusion des aliments pour animaux, produits pour bébé et nutrition médicale) proviennent de produits labellisés au-dessus de 3,5 sur le Nutri-Score australien.
C'est l'équivalent de la lettre C sur le Nutri-Score français, et une note que Nestlé juge lui-même comme répondant au seuil de «produit bon pour la santé». Et si plus de 60% des aliments manquent leur cible, c'est encore pire pour les boissons (96% en-dessous de 3,5) et les friandises ou glaces (99%).
Il suffit de faire un tour sur la plateforme Open Food Facts pour s'en convaincre. Les tablettes de chocolat Crunch? «De mauvaise qualité nutritionnelle» (E). Les saucisses Knacki original? «De faible qualité nutritionnelle» (D). Les cônes Extrême aux pépites de nougatine? D aussi. Certains s'en sortent tout de même un peu mieux, comme la pizza Fraîch'up de Buitoni ou les céréales Chocapic (B).
Aux États-Unis, c'est encore pire, avec par exemple la diabolique pizza Pepperoni Digiorno avec une croute en croissant, qui comptabilise 40% des apports journaliers maximum en sel.
Le sel et l'argent du sel
En novembre 2019, Nestlé se targuait pourtant d'être la première entreprise en Europe à déployer le Nutri-Score sur l'ensemble de son portefeuille et à œuvrer pour «des produits contribuant à un régime alimentaire équilibré».
Il faut reconnaître que le groupe s'est engagé depuis plusieurs années sur l'amélioration de ses recettes. La teneur en sucre des glaces a par exemple été réduite de 6% entre 2010 et 2015, et les soupes contiennent aujourd'hui 14% de sel en moins. Il compte aussi s'appuyer sur le lancement de produits sains, comme les alternatives végétales à la viande.
Comme les autres compagnies agroalimentaires, Nestlé est tiraillé entre les nouvelles exigences des consommateurs sur la santé et la réalité des ventes, majoritairement réalisées sur les produits étiquetés malbouffe.
«Le boulot des entreprises d'agroalimentaire est de générer du cash pour les actionnaires. Elles sont besoin pour cela de vendre des produits qui sont achetés par une cible la plus large possible, et ces produits, c'est la junk food», résume la nutritionniste Marion Nestle (qui rien à voir avec le groupe!).
De son coté, Danone s'est lui aussi recentré sur l'eau en bouteille, les yaourts et la nutrition spécialisée, après avoir notamment revendu les biscuits Lu en 2007 à l'américain Kraft Foods.
Selon le classement Brand Footprint de Kantar, la marque la plus achetée dans le monde en 2021 demeure Coca-Cola, et Kinder fait une entrée fracassante dans le top 20 grâce notamment au lancement de Kinder Cards. «Une délicieuse gaufrette croustillante avec fourrage crémeux, au lait et au cacao», notée E sur le Nutri-Score.