Netflix est de loin le leader de la vidéo en streaming: près de 140 millions d'abonné·es dans le monde et un chiffre d'affaires de 15,8 milliards de dollars en 2018 (près de 14 milliards d'euros).
Mais pour atteindre cette place de numéro un mondial du streaming, Netflix dépense et brûle des quantités astronomiques de cash. L'entreprise utilise en effet un modèle de financement par la dette («deficit financing»), afin de proposer des séries et films exclusifs et attirer un maximum de clientèle.
Cette stratégie place la plateforme dans une position déficitaire délicate: la perte a été de 3 milliards de dollars en 2018, selon les déclarations de son PDG Reed Hasting.
Afin de rétablir un peu ses comptes, Netflix a pris la décision d'augmenter en juin le prix de deux de ses abonnements. Le premier, qui permet de regarder les contenus simultanément sur deux appareils, est passé en France de 10,99 à 11,99 euros et le second, qui donne accès à quatre écrans, de 13,99 à 15,99 euros.
De la pub pour renflouer les caisses
Il existe peut-être pourtant une autre solution. Selon le centre d'analyse Instinet, Netflix pourrait réduire drastiquement sa consommation de trésorerie grâce à un modèle semblable à celui de Spotify qui, en plus de ses comptes premium, inclut une possibilité d'abonnement gratuit, financé par la publicité.
«Nous pensons qu'au fil du temps, Netflix sera en mesure d'obtenir des tarifs publicitaires élevés grâce à sa forte base d'abonnement», est-il écrit dans la note. Celle-ci précise que la plateforme pourrait engranger 1,3 milliard de dollars par an en revenus supplémentaires dès 2021 si une telle décision était mise en place dès 2020, estimant que 180 et 190 millions de personnes aux États-Unis pourraient être intéressées par une telle offre.
De plus, comme le montre l'exemple de Spotify, un modèle gratuit pourrait à terme faire croître la base d'abonné·es payant·es de Netflix: Instinet explique que, depuis février 2014, la version gratuite du géant musical a engendré 60% d'abonné·es payant·es en plus.
Netflix a toujours refusé ce modèle. Pourtant, avec l'arrivée très prochaine d'une concurrence pléthorique et bien armée, l'entreprise souhaite ravir ses investisseurs et, pour ce faire, devra un jour atteindre la rentabilité. Une stratégie brûlant moins de cash pour ses programmes originaux, en plus de la nouvelle manne des revenus publicitaires, pourrait l'aider à se créer un peu d'air.