Le 29 avril dernier s'est couru à Marseille le Marelle Guineas, une course de galop hippique de 1.200 mètres, lors de laquelle Rua Augusta est arrivé premier devant Something Spécial et Taco Tuesday. Vous n'avez jamais entendu parler de ces chevaux? Normal: ils sont purement virtuels.
Tout le monde connaît le jeu en ligne FIFA Ultimate Team, dans lequel il faut créer la meilleure équipe de foot possible en achetant des joueurs et en affrontant les autres équipes. Antoine Griezmann se négocie ainsi 267.000 crédits sur PlayStation, une somme que l'on peut acquérir pour environ 20 euros sur internet.
Désormais, il est possible de se constituer un hara de cheveux virtuels et de parier sur les courses dans le jeu Zed Run, lancé par le studio australien Virtually Human en 2019.
Mais ici les prix ne sont pas loin d'atteindre les records du monde réel. Les chevaux les plus rares se négocient régulièrement autour de 15.000 dollars (12.370 euros) et un pur-sang s'est même vendu récemment pour 125.000 dollars (103.000 euros), rapporte le site Sportico.
Les chevaux sont certifiés via des jetons non fongibles (NFT), censés assure l'authenticité du cheval et attester de sa propriété, puis peuvent être monnayés sur des plateformes comme OpenSea, dédiées à l'achat et la revente d'œuvres d'art ou de biens NFT.
Le tiercé, c'est mon data
Onze mille chevaux ont ainsi déjà été vendus depuis le lancement du jeu et 8.000 autres sont actuellement «élevés» dans 3.600 écuries virtuelles. Les prix dépendent de plusieurs facteurs comme la race ou la lignée, qui remontent aux premiers chevaux «géniteurs» créés pour Zed Run et particulièrement convoités.
On peut ensuite parier sur les courses, comme au véritable Quinté. Plusieurs courses sont organisées toutes les heures dans six catégories différentes, en fonction du palmarès et du niveau d'expérience des chevaux.
Les chances de gagner sont calculées en fonction des performances passées du cheval, mais, à l'avenir, d'autres facteurs comme les conditions météo et l'emplacement de la piste pourraient également avoir un impact sur les résultats, avance le fondateur de Virtually Human Studio, Chris Ebeling.
«Nous avons connu une croissance exceptionnelle ces quatre dernières semaines», se vante-t-il dans Sportico. Pour lui, Zed Run n'est d'ailleurs pas un simple jeu, mais «un véritable moyen de gagner sa vie», en gérant des écuries, ou bientôt en organisant «des événements numériques» qui deviendront «l'équivalent du Kentucky Derby» (l'une des courses hippiques les plus courrues aux États-Unis).
Reste à savoir si Zed Run n'est qu'une manifestation de plus de la bulle extravagante qui s'est emparée des NFT, ou si les véritables jockeys n'ont plus qu'à raccrocher leur cravache.