Mercredi 2 octobre, l'Organisation mondiale du commerce (OMC) a autorisé les États-Unis à taxer l'équivalent de 6,8 milliards d'euros de biens européens. Immédiatement, le gouvernement de Donald Trump a déclaré qu'à compter du 18 octobre, il imposerait une surtaxe de 10% sur les avions et de 25% sur un panier de produits.
C'est un record historique qui touchera la France, l'Espagne, l'Allemagne et le Royaume-Uni. Les produits visés sont, entre autre, les vins français et espagnols, le fromage, les machines allemandes et le whisky écossais.
«C'est un aperçu troublant du futur post-Brexit», a réagi Gary Smith, secrétaire général de la section écossaise de GMB, un important syndicat anglais. L'homme a raison d'être inquiet, puisque les exportations de whisky écossais vers les États-Unis représentaient 1,12 milliard d'euros en 2018. Cela en fait, en valeur, le premier marché d'une industrie qui emploie 11.000 personnes.
Royaume-Uni isolé
Les taxes imposées sur le whisky n'ont pas de rapport avec le Brexit. Elles sont le dernier développement d'un conflit de longue date entre certains pays de l'UE et les États-Unis, qui les accusent depuis des années de favoriser Airbus via des subventions illégales, au détriment de Boeing.
Ce que Gary Smith veut montrer, c'est que le Royaume-Uni sort de l'UE au pire moment, alors que le président américain mène une politique extérieure très agressive. «L'Écosse et le reste du Royaume-Uni seront des cibles faciles après le 31 octobre, estime Smith, la force collective que nous avons dans l'Union européenne en temps que bloc commercial ne sera plus.»
La doctrine commerciale de Donald Trump, depuis son arrivée au pouvoir, est de dénoncer ce qu'il considère comme des «mauvais contrats» entre son pays et les puissances étrangères, et de forcer la main à ces dernières pour obtenir des accords plus avantageux.
C'est ce qu'il a fait avec la Chine, et qu'il menace désormais de faire avec l'Europe dans une poignée de jours. Pour le syndicaliste, «Trump pressera l'économie du Royaume-Uni autant qu'il pourra».
L'UE a déjà prévu de répondre aux attaques américaines. «Si les États-Unis imposent des sanctions, ils pousseront l'UE à faire de même», a prévenu Daniel Rosario, le porte-parole pour le commerce et l'agriculture de la Commission européenne, tout en affirmant rester ouvert à des négociations.