PepsiCo, la deuxième plus grosse multinationale d'agroalimentaire au monde, capitalisée à plus de 150 milliards de dollars, a décidé de réclamer dix millions de roupies, soit 128.000 euros, à quatre paysans indiens.
Le géant américain reproche aux agriculteurs d'avoir fait pousser des pommes de terre FC5. Spécialement conçues pour être plus sèches que les autres, ces FC5 sont normalement utilisées exclusivement pour produire les chips Lay's, propriété de PepsiCo.
«Nous avons pris des mesures judiciaires contre des personnes qui vendaient illégalement une variété que nous avons enregistrée», s'est défendu PepsiCo India auprès de Reuters. Les paysans, qui tous les quatre possèdent des petites exploitations indépendantes, affirment quant à eux faire pousser des patates «depuis longtemps sans aucun problème» et «utiliser en grande partie des graines des cultures de l'année précédente».
Accord à l'amidon
Ils n'ont toutefois pas expliqué comment ils en étaient venu à faire pousser des FC5. Cette variété est d'habitude fournie aux agriculteurs, qui en échange vendent toute leur production à PepsiCo. Voyant que certains paysans produisait des FC5 hors de cet accord, la multinationale a décidé d'attaquer en justice, afin, selon elle, de protéger les exploitations qui prennent part à l'accord.
Au tribunal, ce vendredi 26 avril, PepsiCo a accepté de laisser tomber sa plainte à une condition: soit les agriculteurs cultivent une autre variété, soit ils gardent les FC5 mais les lui vendent exclusivement.
Mais localement, peu de personnes veulent de ce règlement à l'amiable. Des activistes accusent PepsiCo d'envoyer des détectives privés qui se font passer pour de potentiels acheteurs pour prendre des vidéos et des échantillons de pommes de terre, ainsi que d'exercer des pressions sur les agriculteurs indépendants.
Un parlementaire indien, Ahmed Patel, a rejoint la cause en estimant que la décision de PepsiCo est «mal avisée et injuste» et que «le gouvernement ne devrait pas fermer les yeux. Les intérêts privés ne peuvent pas dicter ce que nos fermiers doivent ou pas cultiver».
En Inde comme dans le reste du monde, la question de la brevetabilité du vivant comme celle de la relation entre multinationales toutes-puissantes et agriculteurs indépendants restent donc posées et problématiques.