Depuis son entrée en politique, Donald Trump a affirmé sa volonté de négocier des arrangements entre États plutôt que des traités multilatéraux sous l'égide des Nations Unies. Le projet d'accords spatiaux Artemis, nommés d'après le programme lunaire de la NASA, s'inscrivent dans cette perspective, dévoile Reuters.
Ils visent à instaurer des «zones de sécurité» entourant les futures bases sur la Lune, afin d'éviter que des États ou des sociétés opérant à proximité ne se marchent sur les pieds et que des incidents ne se déclenchent.
«Si vous vous approchez des [installations] d'un pays et qu'il a déclaré des zones de sécurité autour de lui, alors vous devez le contacter à l'avance, le consulter et voir comment vous pouvez faire ça en toute sécurité pour tout le monde», explique une source proche du dossier.
Dans les prochaines semaines, l'administration Trump souhaiterait négocier ces accords avec des partenaires tels que le Canada, le Japon et des pays européens, mais aussi les Émirats Arabes Unis. Il s'agit de s'épargner un traité multilatéral incluant un maximum d'États, y compris ceux qui n'ont pas d'ambitions spatiales, ce qui prendrait plus de temps.
America First
En 2015, les États-Unis avaient déjà adopté une loi conférant aux entreprises la propriété des ressources qu'elles parviendraient à extraire dans l'espace. Ce projet d'accords marque aussi une politisation inédite de la NASA, qui devient un outil diplomatique.
L'agence spatiale américaine a déjà investi des dizaines de milliards de dollards dans le projet Artémis. Elle ambitionne d'installer des bases sur le pôle Sud de la Lune à partir de 2024. L'exploitation des roches et de l'eau souterraine lunaire afin de produire du carburant pour fusées serait confiée à des sociétés privées.
Les États-Unis sont pourtant signataires du Traité de l'espace de 1967, selon lequel les corps célestes, et notamment la Lune, «ne sont pas soumis à l'appropriation nationale par revendication de souveraineté, par voie d'utilisation ou d'occupation, ou par tout autre moyen».
Une source proche du dossier assure que les «zones de sécurité» prévues dans le projet d'accords ne constitueraient pas des «revendications de souveraineté». Il s'agirait plutôt, selon elle, d'outils qui permettent la coordination entre les acteurs.
En revanche, la Russie, à qui Washington reproche son comportement hostile dans l'espace, ne sera pas invitée à prendre partie aux accords Artémis. La Chine, qui ne devrait guère apprécier la manœuvre, non plus.