Tranches de jambon pliées en forme de rose, biscuits bien ordonnés, mini-sandwichs empilés les uns sur les autres dans d'impressionnantes architectures boulangères, fruits aux couleurs harmonieusement arrangés: déjà au top de leur popularité avant la pandémie, les jolis plateaux-buffets continuent de faire fureur sur Instagram.
Mais confectionner ce genre de plateau requiert tout un art –et comme tout art, cela prend du temps. C'est la raison pour laquelle, autour de 2018, des start-ups se sont placées sur le créneau et se sont mises à vendre des plateaux prêts-à-manger, mais aussi destinés à être dûment partagés sur les réseaux sociaux.
Avec l'arrivée de la pandémie de Covid-19 et l'arrêt quasi total des événements rassemblant du public, en particulier ceux où tout le monde plonge ses doigts dans de la nourriture, cette petite industrie aurait pu mourir aussi vite qu'elle était née. Elle a pourtant réussi à s'adapter en proposant des «graze boxes», sortes de mini-buffets à partager à deux et livrés directement à la maison.
Rapidement, des particuliers ont profité de la tendance, en proposant des graze boxes maison. Après tout, si des gens sont prêts à payer 25 euros pour des tranches de rosette pliées en forme de cœur, pourquoi ne pas se jeter sur l'occasion?
«Origamicuterie»
Comme le raconte le reportage de Wired, Facebook Marketplace a donc été pris d'assaut par ces graze boxes. Une simple recherche montre des dizaines de résultats, qui vont des plateaux de charcuterie aux assiettes remplies de barres chocolatées. Les prix varient entre une dizaine et une cinquantaine d'euros.
S'il n'y a priori rien de mal à vendre ou à acheter de la nourriture sur internet, la qualité du saucisson commercialisé à la sauvette sur Facebook n'est pas forcément au rendez-vous, comme on peut s'y attendre. À tel point qu'au Royaume-Uni, la Food Standards Agency (FSA), organisme public chargé de la santé publique alimentaire, s'en est officiellement inquiétée.
En effet, ces commerces alimentaires sont rarement déclarés et agissent souvent en dehors de toute régulation, échappant aux contrôles d'hygiène. La FSA a donc demandé à Facebook de mieux surveiller sa Marketplace, afin de remplir son «obligation morale» de veiller à la sécurité de ses utilisateurs.
Si Facebook exige de ses vendeurs qu'ils ne soient pas hors-la-loi, ses conditions d'utilisation n'interdisent pas de vendre de la nourriture. À moins que le réseau social ne commence à mener des contrôles sévères ou n'interdise la vente de produits alimentaires, la situation devrait donc rester telle qu'elle. Vous pouvez commander votre rosace en saucisson, mais sachez que c'est à vos risques et périls.