Des pipelines convergent vers l'usine de Bovanenkovo, en Russie, le 21 mai 2019. | Alexander Nemenov / AFP

Des pipelines convergent vers l'usine de Bovanenkovo, en Russie, le 21 mai 2019. | Alexander Nemenov / AFP

Vladimir Poutine propose de baisser les prix du gaz, mais selon ses conditions

La Russie profite de sa position de force pour renforcer la dépendance européenne.

Lors des neuf premiers mois de 2021, les exportations de la société gazière russe Gazprom ont enregistré une hausse de 20% par rapport à l'année dernière. En août, le mastodonte du gaz naturel, affirmait que ses ventes en dehors de l'ex-Union soviétique approchaient son niveau historique le plus haut.

Mais en septembre, alors que les demandes en gaz des ménages ont augmenté à cause de la baisse des températures, la source de gaz russe s'est soudainement tarie. Les livraisons via le pipeline Yamal-Europe, qui alimente l'est de l'Europe, sont passées de 35.131 MW/h à 15.021 MW/h par heure en une journée, faisant monter les prix en flèche.

Si Gazprom assure que cette baisse de rendement est temporaire, le timing semble un peu trop idéal pour Vladimir Poutine, qui est venu apaiser le marché en suggérant qu'il pourrait faire baisser les prix, mais à ses conditions. Le président russe a insinué que le seul moyen de réellement alléger la pénurie serait d'approuver le gazoduc Nord Stream 2.

Nord Stream est un pipeline qui relie directement la Russie à l'Allemagne, en passant par la mer Baltique. Nord Stream 2, un projet estimé à 10 milliards d'euros, est un pipeline parallèle au premier, qui doit permettre de doubler son rendement.

La géopolitique du gaz

Si Vladimir Poutine avance cette solution, c'est qu'elle est au cœur des intérêts géopolitiques du monde entier. L'Allemagne, dont le premier fournisseur de gaz est la Russie, (en France, 21% du gaz provient de Russie, notre principal fournisseur étant la Norvège, à hauteur de 43%) est favorable au projet, mais le reste de l'Europe est divisé.

Certains pays s'inquiètent du fait que Nord Stream 2 rendrait le vieux continent encore un peu plus dépendant énergiquement de la Russie. L'Ukraine est particulièrement opposée au projet puisque beaucoup moins de gaz transiterait par son territoire, ce qui la priverait d'environ 1,5 milliard de dollars par an.

Un avis partagé par Donald Trump, qui souhaitait mettre des bâtons dans les roues de son rival russe. Le projet était donc dans les limbes depuis quelques années, mais l'accès au pouvoir de Joe Biden a débloqué la situation.

Le 10 septembre, Gazprom a annoncé que la construction de Nord Stream 2 était terminée. Lundi 4 septembre, l'entreprise a prévenu que son pré-remplissage avait débuté. Alors que les tarifs explosent et que les européens sont au pied du mur, Vladimir Poutine offre donc une sortie de crise sur un plateau d'argent –mais attention aux cadeaux empoisonnés.

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