Chaque jour qui passe nous rapproche d’un Brexit sans accord. S'il est difficile de connaître l’ampleur des transformations qu’entraînerait cette issue probable, il est raisonnable de se préparer au pire.
L’un des principaux changements auxquels les pays de l’Union européenne devront faire face sera la baisse des exportations, due au passage des règles du marché unique à celles de l’OMC.
En juillet dernier, le FMI a effectué une simulation pour savoir quels pays seraient les plus frappés par une telle rupture. Parmis les États en première ligne: l’Irlande, la Belgique et les Pays-Bas.
L’Irlande a pleinement conscience du bouleversement que serait un Brexit sans accord. Son plan d’action couvre tous les secteurs potentiellement touchés: des fonds sont prévus pour les agriculteurs et les agricultrices frappées par la chute des exports, et le gouvernement a identifié les lois à amender en mars si un Brexit dur était confirmé.
«On est foutu»
Malgré cette préparation aux risques, de l’aveu même de Simon McKeever, le président de l’Irish Exporters Association, qui rassemble les sociétés d’import-export, les entreprises irlandaises ne sont pas prêtes au choc. Notamment à cause de la frontière avec l’Irlande du Nord, où certains produits, comme le lait, font plusieurs allers-retours. Des inquiétudes que McKeever ponctuent même d’un «we’re screwed», on est foutu.
La situation est similaire en Belgique et aux Pays-Bas. Les deux pays ont mis en place un «Brexit Impact Scan», un questionnaire que les entreprises peuvent remplir afin d’anticiper les conséquences du Brexit sur leur activité.
Malgré cela, dans son «baromètre du Brexit», la chambre de commerce néerlandaise estimait que «la majorité (58%) n'a pas établi de plan ni pris de mesures pour un scénario de non-accord» et que «34% des entrepreneurs qui font des affaires avec le Royaume-Uni savent à peine ce que ce scénario signifie pour leur entreprise». En Belgique, le ministre des Finances Alexander De Croo affirme que «seule une entreprise sur cinq s’est préparée aux formalités douanières».
C'est, en livres sterling, le montant des actifs d’ores et déjà transférés hors du Royaume-Uni par les institutions financières du pays.
Les gouvernements du continent ont fait le nécéssaire pour s’assurer d’amortir le choc d’un Brexit dur, ce qui leur donne un avantage sur les Britanniques. Mais selon le média économique Bloomberg, si les leaders européens se rendent compte de l'impréparation de leurs entreprises, ils pourraient offrir à Theresa May un accord de dernière minute.