Les magasins de vêtements, comme les autres commerces non-essentiels, ont fermé à travers le monde du fait de la pandémie de coronavirus. Leurs boutiques en ligne sont aussi en berne, alors que les consommateurs coincés à domicile recentrent leurs priorités sur les achats primordiaux.
Certaines entreprises garantissent pour l'instant un salaire à leurs employé·es mais rien n'est certain sur le long terme, et des plans sociaux massifs sont déjà envisagés. À ceci il faut encore ajouter que leur mise en berne économique frappe très durement leurs fournisseurs.
Les plus gros clients de l'industrie, dont H&M, Zara ou Primark ont annoncé qu'ils ralentissaient voire arrêtaient leur production. En plus de ne plus passer de commandes, certaines de ces marques ont aussi décidé de ne pas acheter les stocks produits qui n'ont pas encore été expédiés.
Au Bangladesh, au Myanmar, au Cambodge, le scénario se répète: les commandes sont annulées, les usines ferment et des milliers d'ouvrièr·es perdent leur travail. La plupart de ces manufactures sont situées dans des pays pauvres où ces petites mains dépendent de leur maigre paye pour survivre.
Risque de «chaos social»
Le Wall Street Journal a par exemple interrogé le propriétaire d'une usine bangladaise qui se retrouve avec 14.500 jeans de la marque Peacocks sur les bras, après que l'entreprise a finalement annulé sa commande. Un cas de figure que l'on retrouve par centaine.
Les fabricants de textile sont dépendants des leaders du prêt-à-porter, alors que ces derniers ont l'embarras du choix quant aux producteurs à qui passer commande. Par conséquent, les manufactures sont très hésitantes à entamer des poursuites en justice, de peur de s'alliéner leur clientèle.
D'après le professeur Sheng Lu, un spécialiste de ce type de commerce, un déclin des exports de 10% pourrait, dans un pays comme le Bangladesh, se traduire par une baisse de l'emploi de 4 à 9%.
Rubana Huq, la présidente de l'Association des fabricants et exportateurs de vêtements du Bangladesh souligne que rien que dans son pays, les emplois de 4,1 millions de personnes sont dans la balance: «C'est un chaos social que nous ne pouvons pas nous permettre.»