ExxonMobil, Shell, BP ou encore TotalEnergies sont des multinationales que l'on regroupe parfois sous le nom de «Supermajors» ou, dans le monde anglophone, «Big Oil». Des expressions qui renvoient aux plus grandes compagnies pétrolières privées du monde, mais surtout à leur (toute-)puissance économique. Selon Vice, c'est à ces géants du capitalisme que les Australiens peuvent reprocher la stagnation des prix du carburant dans leur pays, alors même que le cours du pétrole brut a diminué ces derniers mois.
Revenons au début de l'année 2022, quand le prix du pétrole avait atteint un sommet jamais égalé depuis sept ans en raison de l'invasion de l'Ukraine par la Russie. En Australie, alors que la valeur du dollar australien était très faible, la coalition au gouvernement de l'époque avait même divisé par deux les impôts indirects sur le pétrole, afin de diminuer la pression sur les consommateurs.
Il a fallu ensuite attendre plus d'un an, treize mois exactement après l'invasion de l'Ukraine, pour que le cours du brut retrouve son niveau de 2021 et que le prix du litre de sans-plomb en Australie revienne à 1,50 dollar australien (environ 92 centimes d'euro). Mais aujourd'hui, le litre coûte environ 1,80 dollar australien (soit 1,11 euro). Mais alors, que s'est-il passé? Selon le professeur d'économie à l'Université de Melbourne David Byrne, il faut blâmer un phénomène appelé «Rocket and feather pricing».
Traduite littéralement, l'expression signifie «tarification des fusées et des plumes». Elle renvoie à l'idée que lorsque les prix en gros augmentent, alors les prix à la pompe grimpent «comme des fusées», donc très rapidement. En revanche, quand les prix en gros baissent, les prix retombent «comme des plumes», c'est-à-dire bien plus lentement. «C'est très courant dans de nombreuses industries, explique le professeur. Mais c'est vraiment important dans le carburant: vous verrez l'augmentation des prix passer bien plus vite que la baisse.»
Toujours plus de profits
David Byrne évoque deux raisons à ce phénomène. La première: «Les entreprises exercent leur pouvoir de marché». Cela signifie simplement que pour des produits dont nous ne pouvons pas nous passer, comme le carburant, nous n'avons d'autre choix que de continuer d'acheter sur le marché et les entreprises ont alors le pouvoir sur les consommateurs. Ainsi, puisque leur objectif premier est de réaliser du profit, elles le poursuivent, que les cours augmentent ou qu'ils baissent.
La deuxième raison évoquée par l'économiste est le changement de comportement des consommateurs lorsque les prix évoluent: «Quand les prix augmentent, on devient tous très sensibles, mais quand ils baissent, on n'y prête plus attention. C'est alors que les entreprises peuvent faire du profit en vendant au prix qu'elles veulent.»
Malheureusement, tous ces mécanismes sont davantage exacerbés pour les habitants des zones rurales. Dans les villes, les stocks de carburant qui ont été achetés cher sont écoulés plus vite, donc les prix baissent plus rapidement. Mais dans les zones rurales, les stocks chers diminuent bien plus lentement, donc les prix aussi. «La seule chose que vous pouvez faire, conseille David Byrne, c'est comparer les prix et aller au moins cher.»