Des personnes employées par Deliveroo protestent contre une baisse de leur paye à Bordeaux en 2017. | Georges Gobet / AFP
Des personnes employées par Deliveroo protestent contre une baisse de leur paye à Bordeaux en 2017. | Georges Gobet / AFP

Et si la coopérative était la réponse à l’uberisation?

À New York, des personnes qui gagnent leur vie en faisant le ménage travaillent via une plateforme qui leur appartient mutuellement –pour 5% de leurs revenus.

Pour les personnes qui travaillent dans les conditions qu'a répandu le modèle économique de l'entreprise Uber –celles qui conduisent des VTC ou qui livrent à la force de leurs pédales, la plateforme s'est substituée au patronat. Une plateforme qui aspire la majorité des sommes acquittées par la clientèle et qui contrôle entièrement l'algorithme dont les employé·es dépendent totalement.

Pourquoi, alors, ne pas organiser sa véritable indépendance? Plus facile à dire qu'à faire compte tenu de l'omniprésence qu'assure aux marques leur puissance. Mais il est possible pour les personnes qui vendent leur force de travail en suivant les principes inspirés par Uber de créer leur propre plateforme afin d'échapper à la mainmise d'une entreprise tierce qui ponctionne une partie importante de leurs revenus pour remplir ses objectifs de profits et de croissance.

À New York, une application a sauté le pas. Up&Go regroupe des professionnel·les du ménage, pour la plupart issu·es de l'immigration latino-américaine. Avec l’aide de l’ONG Robin Hood, le groupement a mis en place une plateforme de ménage à la demande qu'il possède lui-même.

e-coopérative

Ainsi, Up&Go peut reverser le fruit de leur travail d'une manière bien plus avantageuse aux personnes qui ont fait le choix de l'indépendance. Les plateformes classiques ponctionnent un pourcentage qui dépasse le plus souvent les 20%. Dans le cas d'Up&Go, seuls 5% vont à la plateforme –soit 3% pour les frais de transaction et 2% pour les coûts d’exploitation (payer pour les serveurs et le développement de l’application, notamment). La coopérative ainsi formée peut se débarrasser des contraintes de croissance exponentielle exigées par les actionnaires des start-ups.

L'association a aussi l'opportunité de garder la main sur le code: le fonctionnement de l’algorithme qui répartit les tâches est controlé par le personnel lui-même là où dans la mécanique interne des plateformes désormais classiques reste souvent opaque car destinée à maximiser les profits de l'entreprise qui les détiennent.

Le modèle coopératif exige que les personnes qui s'occupent de le faire tourner sachent coder pour développer et assurer la maintenance d'une telle application. Mais des initiatives se mettent en place. Le professeur Trebor Scholz veut créer un code open source customisable par n’importe qui. Deux projets pilotes vont le tester, l’un pour 3.000 gardes d’enfants dans l’Illinois et un autre pour une coopérative d’Indiennes spécialisées dans les soins de beauté à Ahmedabad.

L’obstacle principal tient au côté social et organisationnel. Il faut que tous les membres puissent entrer en contact et discuter des modalités de la plateforme. Le succès de Up&Go est en partie dû au fait qu’avant de mettre l’app en service, les personnes qui gagnent leur vie en faisant le ménage étaient déjà organisées dans une coopérative appelée EcoMundo Cleaning. Un avantage loin d’être accessible à tout le monde puisque, typiquement, les personnes employées par des entreprises qui proposent des services à la demande sont isolées les unes des autres.

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