La vie n'est pas toujours un long fleuve tranquille. | Christopher Alvarenga via Unsplash
La vie n'est pas toujours un long fleuve tranquille. | Christopher Alvarenga via Unsplash

La retraite avant 40 ans: quand le rêve vire au cauchemar

Les adeptes du mouvement FIRE ont investi jeunes pour arrêter de travailler tôt. Sans voir la crise venir.

Your Money or Your Life [Votre argent ou votre vie]. C'est le titre d'un best-seller publié par les Américains Joe Dominguez et Vicki Robin en 1992. Dans un contexte de prospérité économique, il recommandait une vie frugale et des investissements adaptés afin de prendre sa retraite avant 40 ans. Le mouvement FIRE, dont l'acronyme signifie «indépendance financière, prendre sa retraite tôt», est né dans son sillage.

Naturellement, ses adeptes n'avaient pas vu venir la pandémie de Covid-19 et la crise financière qu'elle a provoquée. Début mars, Eric Richard, 29 ans, savourait sa retraite anticipée sur les plages de Bali, en Indonésie. Il est désormais confiné chez ses parents dans le Michigan et a déjà perdu 100.000 dollars [près de 93.000 euros] dans le krach boursier.

En 2018, nombre de disciples de FIRE pensaient disposer des ressources suffisantes pour rester à la retraite pendant soixante ans. Les Canadiennes Kristy Chen et Bryce Leung ont arrêté de travailler vers 30 ans pour faire le tour du monde. Depuis le début de la pandémie, leur portefeuille d'investissements s'est effondré. Bryce Leung reste néanmoins confiant: «Il y avait plus de raisons d'avoir peur en 2008.»

Entre panique et optimisme

Jason Long, ancien pharmacien dans le Tennessee, a pris sa retraite en 2017 à l'âge de 39 ans, avec un million de dollars [930.000 euros] d'économies. Malgré la crise économique, il explique vivre mieux aujourd'hui qu'auparavant. Jason Long est plus inquiet pour celles et ceux qui ont pris leur retraite anticipée en 2019, avec moins d'économies: «J'aurais sûrement du mal à dormir si j'étais dans [leur] situation.»

L'une des figures du mouvement FIRE est le Canadien Pete Adeney, 46 ans, auteur du blog Mr. Money Mustache. Ces dernières semaines, il a reçu de nombreux messages paniqués d'adeptes demandant s'il fallait revendre l'intégralité de leur portefeuille –tout comme le subreddit dédié à «l'indépendance financière». Celles et ceux qui avaient investi dans des logements à louer sur Airbnb sont particulièrement préoccupé·es.

La pandémie compromet aussi la possibilité de vivre dans un pays où la vie est moins chère, ce que préconisait le mouvement FIRE. Eric Richard envisage de travailler à temps partiel ou en indépendant. «Indépendance financière [...] ne veut pas dire ne plus jamais [travailler].» Les Chen-Leung, de retour à Toronto, diminuent leur dépenses et logent justement dans un Airbnb, dont le prix s'est effondré.

Pour Pete Adeney, la crise n'invalide pas le projet FIRE, bien au contraire: «C'est un mode de vie qui rend plus heureux, que vous soyez en plein boom économique ou dans une profonde récession. Sa plus grande force se manifeste à des moments comme celui-ci. [...] J'espère qu'en étant autosuffisants nous-mêmes, nous serons mieux placés pour aider d'autres personnes qui en ont vraiment besoin.»

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