«Vive la vie!», s'est exclamé le patron qui laissait ses salariés mourir. | Capture d'écran Ricardo B. Salinas via Youtube
«Vive la vie!», s'est exclamé le patron qui laissait ses salariés mourir. | Capture d'écran Ricardo B. Salinas via Youtube

Le patron milliardaire mexicain qui faisait la fête en laissant ses salariés mourir du Covid

Covidosceptique militant, Ricardo Salinas Pliego a le potentiel d'un champion du monde du cynisme.

S'il existait des jeux olympiques du cynisme et de l'irresponsabilité patronale, le Mexicain Ricardo Salinas Pliego, milliardaire et 166e plus grosse fortune mondiale, pourrait prétendre à la plus haute place du podium.

Comme le relate Buzzfeed, pendant que l'homme d'affaires faisait la fête sur son yacht géant et le faisait bruyamment savoir, son covidoscepticisme et son refus public d'appliquer des mesures sanitaires pourtant obligatoires aux salariés de son petit empire ont coûté cher –le prix le plus élevé– à certains d'entre eux.

Ricardo Salinas Pliego est le patron de Grupo Salinas. Une partie de sa fortune repose sur Electra, une chaîne de magasins vendant en leasing, contre des intérêts à la limite de l'usure payés à sa Banco Azteca, des produits électroniques aux Mexicains et Mexicaines n'ayant pas les moyens de se les payer.

Une autre partie de sa fortune, estimée par Forbes à 11 milliards d'euros et en forte croissance depuis le début de la pandémie selon Buzzfeed, se fait grâce aux agences de recouvrement de son conglomérat, chargées d'aller traquer celles et ceux de ces loueurs désargentés ne pouvant s'acquitter de leur mensualité. Dans un pays très durement touché par le Covid et la paralysie économique qu'il a provoqué, c'est bien sûr un business plutôt florissant.

Ces douze derniers mois, Ricardo Salinas Pliego s'est surtout fait remarquer par la manière dont il a abordé la crise sanitaire: en niant sa gravité, et en utilisant tous les moyens mis à sa disposition pour critiquer toute mesure sanitaire prise en conséquences.

Vivre et laisser mourir

TV Azteca, sa possession et le second plus important réseau télévisé du Mexique, n'a eu de cesse de critiquer à l'antenne les recommandations officielles du gouvernement du pays. L'école qu'il a créée est restée ouverte quand toutes les autres se voyaient imposer une fermeture.

Buzzfeed rapporte qu'à Mexico, les bureaux de l'une des entreprises de Ricardo Salinas Pliego, un call-center affilié à son empire de manière non-comptable pour échapper à l'impôt, autre fameuse spécialité du milliardaire, sont restés ouverts en violation manifeste de confinements imposés par les autorités locales.

Les employé·es se sont vus contraints de venir travailler même lorsqu'ils présentaient des symptômes manifestes de la maladie, certains sous-traitants ont été sommés de tenir leurs postes dans le plus grand des secrets, et la campagne de tests pourtant rendue obligatoire par les instances de Mexico n'a pas été appliquée.

Une poignée de salarié·es ont tenté de sonner l'alarme: les 200 personnes constituant leur unité ont été licenciées, sans autre forme de procès, avant que la contestation publique ne prenne forme et que la puissance publique ne se sente obligée d'intervenir.

«La vie est toujours un risque. C'est pourquoi nous devons la vivre intensément», déclarait le milliardaire en décembre, lors d'une conférence annuelle qu'il organise.

Et alors que certains de ses salarié·es perdaient la vie en essayant de la gagner au sein d'un conglomérat faisant publiquement fi de toute précaution élémentaire, Ricardo Salinas Pliego pouvait parader sur les réseaux sociaux, fier de son insouciance.

Il se risquait ainsi à de somptueuses fêtes sur son yacht géant, s'offrait des visites en hélicoptère privé au-dessus de Mexico, passait un peu de temps sur les greens impeccables de parcours de golf pour personnes très fortunées, ou célébrait Noël avec cinquante personnalités de la télé non-masquées et pas plus distanciées, lors d'un repas avec groupe de musique.

«Vive la vie!», tweetait ainsi le milliardaire, sans une once apparente de remords: pas certain que les familles de celles et ceux que son idéologie du risque a laissés sur le carreau puisse exprimer le même enthousiasme.

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