27 milliards de dollars: c'est la capitalisation boursière atteinte par Rivian, start-up de l'auto électrique fondée en 2009 par Robert RJ Scaringe, après une nouvelle levée de fonds de 2,65 milliards de dollars effectuée mi-janvier.
Cela semble déjà colossal, ce n'est qu'une fraction des sommets boursiers atteints par Tesla, mais ce n'est sans doute qu'un début: beaucoup considèrent que la firme dispose des atouts pour devenir le prochain géant du secteur.
Ces optimistes présentent de solides arguments. Rivian dispose du soutien financier d'investisseurs de renom: l'omniprésent Blackrock, Soros Fund Management LLC, T. Rowe Price, Fidelity, Ford Motors ou Amazon sont parmi les riches anges qui bercent ses destinées.
Dans le cas de Ford ou d'Amazon, le lien n'est pas simplement financier, il est stratégique. Si la pandémie a mis le projet en pause, Ford compte utiliser la plateforme technique créée par Rivian pour produire certains des véhicules de ses marques. Plus important sans doute car source de financement immédiat, Amazon lui a quant à elle commandé la bagatelle de 100.000 utilitaires de livraison.
Le marché grand public approche lui aussi. La jeune pousse de Plymouth, dans le Michigan, compte débuter à l'été 2021 la production de ses deux premiers véhicules, le pick-up R1T et le SUV R1S –les carnets de commande sont semble-t-il déjà pleins.
Face aux «sedans» de Tesla, l'une des forces de ces deux véhicules est, justement, de ne pas être des «sedans» de Tesla. Conçues pour glisser sur le bitume comme pour crapahuter sur les chemins, la R1T et la R1S visent un marché américain colossal que Tesla a pour l'instant délaissé –seul son futuriste Cybertruck pourrait, à terme, se positionner sur le même créneau.
OKLM
Mais comme le détaille le New York Times, c'est peut-être la manière de faire les choses, ainsi que la personnalité du fondateur Robert RJ Scaringe, qui font de Rivian un potentiel parfait anti-Tesla.
Conscient que le plus dur –la mise en place de lignes de production cadencées et efficaces– est devant lui, sans doute échaudé par les déboires désastreux par lesquels Tesla est passée, Scaringe bâtit les choses posément, les unes après les autres.
Ingénieur formé au MIT, l'homme est décrit comme l'antithèse du fantasque et bruyant Elon Musk. Joe Fath, gestionnaire de portefeuille pour T. Rowe Price, décrit ainsi Scaringe et ses équipes comme «réfléchis, humbles et obsédés par les détails» dans Business Insider, ajoutant qu'ils maîtrisent de bout en bout leur stratégie financière.
«Son fil Twitter est si ennuyeux que l'un de ses récents posts portait sur le coloris de voiture préféré de ses enfants (bleu)», s'amuse de son côté le New York Times.
«Il existe cette idée que le vainqueur remportera tout, explique Scaringe au quotidien, et c'est tout simplement faux. Les consommateurs ont besoin d'avoir plusieurs marques, plusieurs styles.» Contrairement à Nikola, dont la débâcle a refroidi plus d'un investisseur, les fondations de Rivian semblent solides.
Et si l'entreprise aura fort à faire pour faire croître ses cadences de production et si, outre Tesla, elle peut compter sur de féroces concurrents, le chinois NIO notamment, le jeu en vaut la chandelle.