Sur le plan matériel, la seconde vague de Covid-19 est accueillie un peu plus sereinement que celle de mars. Lors du premier épisode de la pandémie, les pénuries de protections avaient plongé les gouvernements du monde entier dans un brutal chacun pour soi.
Les pouvoirs publics ont ainsi dû conclure en urgence des milliers de contrats à travers le globe pour s'assurer de trouver de quoi lutter contre le virus. Dans la confusion, difficile de voir clair dans toutes ces transactions, malgré les règles souvent strictes encadrant les marchés publics.
La panique quelque peu retombée, le temps des questions s'ouvre, et les contribuables britanniques en ont beaucoup. Le National Audit Office (NAO) vient ainsi de rendre un rapport qui affirme que les contrats passés par l'État au début de la pandémie ont cruellement manqué de transparence.
«Si nous reconnaissons les circonstances exceptionnelles, il reste essentiel que les décisions soient suffisamment documentées et transparentes, afin que le gouvernement préserve la confiance que le public peut accorder à la manière dont l'argent du contribuable est dépensé», précise le document.
Ce rapport est explosif, alors que les accusations de népotisme se multiplient. En juillet, le Guardian révélait l'existence de sondages d'opinion publique confiés à une entreprise dirigée par des proches de Dominic Cummings, alors conseiller de Boris Johnson.
840.000 livres sterling (940.000 euros) ont été offerts à cette entreprise, sans appel d'offre préalable. Un processus rendu légal par l'urgence sanitaire –et le début d'une longue série de transactions douteuses.
«Chumocracy»
Autre affaire similaire, l'entreprise Oxford Nanopore a décroché auprès du ministère de la Santé un contrat de 28 millions de livres (31 millions d'euros) pour fabriquer des tests Covid. Quelques semaines plus tard, elle engageait une entreprise de relations publiques dirigée par Lord Feldman, conseiller Covid auprès de ce même ministère.
Le Guardian liste ainsi de nombreux exemples de contrats juteux et de postes importants confiés à des proches –voire très proches– de membres du gouvernement ou de personnes appartenant aux sphères d'influence des Tories.
Le quotidien britannique parle même de «Chumocracy» (mot-valise composé de chum, ami, et de democracy), une démocratie dans laquelle les contrats publics prennent la forme d'échanges de bons procédés.
Le gouvernement s'en défend et a répondu au rapport du NAO en affirmant n'avoir à présenter «aucune excuse». «Il existe des processus sûrs afin d'obtenir des équipements essentiels aussi vite que possible, tout en s'assurant que l'argent des contribuables est utilisé de manière optimale», a défendu Julia Lopez, parliamentary secretary auprès du Bureau du Cabinet.