Le Bureau de la statistique nationale (ONS) britannique va expérimenter de nouvelles méthodes d'évaluation de l'inflation. Dans un post de blog, l'institut admet que «le taux d'inflation annuel moyen peu cacher beaucoup de choses» et que calculer l'inflation en fonction du niveau de vie permet de «mieux refléter l'expérience de modification des prix des ménages du Royaume-Uni».
Dans un thread Twitter largement partagé quelques jours auparavant, la journaliste et militante britannique Jack Monroe déplorait le fait que le calcul de l'inflation soit trop général. D'après elle, la méthode de calcul actuelle désavantage les ménages les plus pauvres, car le prix des articles de consommation les moins chers a tendance à augmenter davantage que celui du panier de biens sélectionnés par l'ONS.
Monroe s'est donc félicitée de la décision de l'ONS dans un tweet accompagné du hashtag #VimesBootsIndex. Mais qui est donc ce Vimes, et qu'est-ce que ses bottes ont à voir avec l'inflation?
Ogres, nains et premiers prix
Le 22 janvier, Jack Monroe a annoncé dans le Guardian qu'elle lançait aux côtés d'une équipe d'économistes son propre index, pensé pour «documenter la disparition des produits low cost et l'insidieuse augmentation progressive des prix des versions les plus basiques des articles essentiels des supermarchés».
Le nom de cet index s'inspire d'un passage du Guet des orfèvres, un roman du célèbre auteur de fantasy Terry Pratchett, le quinzième livre de sa série des Annales du Disque-monde.
Dans ce livre, le héros, Sam Vimes note qu'une paire de très bonnes bottes coûte 50 dollars et dure dix ans, alors qu'une paire de mauvaises bottes en coûte 10 mais ne dure qu'une ou deux saisons.
Par conséquent, en une décennie, alors que les riches ont les pieds au sec pour 50 dollars, «dans le même temps, un homme pauvre [...] aura dépensé 100 dollars pour ses bottes et IL AURA GARDÉ LES PIEDS MOUILLÉS».
Cette situation va au-delà du clin d'œil puisque l'ayant droit de l'œuvre de Pratchett, en l'occurrence sa fille, Rhianna Pratchett, a autorisé Monroe à prendre le nom de Sam Vimes pour son indice. Elle estime que son père serait fier que ses romans soient utilisés pour une campagne anti-pauvreté.