Elon Musk doit-il se faire du souci? Ayant annoncé que sa société SpaceX continuerait à fournir à l'Ukraine un accès à son fournisseur d'accès internet Starlink, qui fonctionne à l'aide de milliers de satellites, le milliardaire peut craindre que la Russie finisse par s'en prendre à son système.
The hell with it … even though Starlink is still losing money & other companies are getting billions of taxpayer $, we’ll just keep funding Ukraine govt for free
— Elon Musk (@elonmusk) October 15, 2022
Moscou a en effet annoncé son intention de cibler les satellites commerciaux américains utilisés pour aider l'Ukraine, comme le relate le Wall Street Journal. «Ils pourraient légitimement être les cibles de frappes de représailles», affirme ainsi Konstantin Vorontsov, l'un des piliers du ministère russe des Affaires étrangères.
«Nous aimerions dénoncer cette tendance pour le moins dangereuse qui se dissimule derrière l'utilisation apparemment inoffensive de la technologie spatiale dans le cadre des événements se déroulant en Ukraine», a-t-il déclaré lors d'une réunion de la première commission de l'Assemblée générale des Nations unies. «Nous parlons ici de l'utilisation, par les États-Unis et leurs alliés, d'infrastructures civiles et commerciales dans l'espace, au sein de conflits armés.»
Aucune société n'a été précisément désignée, mais les récentes déclarations d'Elon Musk placent sans nul doute les activités de Starlink parmi les plus exposées à d'éventuelles offensives russes. Auteur de plusieurs tweets dirigés contre la Russie (à propos de la Crimée ou de l'Ukraine), Elon Musk s'était aussi fait remarquer en mars pour avoir provoqué Vladimir Poutine en duel.
I hereby challenge
— Elon Musk (@elonmusk) March 14, 2022
Владимир Путин
to single combat
Stakes are Україна
Du côté de la Maison-Blanche, on affirme qu'à toute attaque dirigée vers une infrastructure américaine «correspondra une réponse appropriée, effectuée de façon appropriée».
Des menaces crédibles?
La Russie est-elle à même de mettre ses menaces à exécution? Pour John Kirby, coordinateur des communications stratégiques au conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche, il suffit d'observer les actions passées de Moscou pour «voir que les Russes ont déjà tenté de mener des actions antisatellites».
Dernièrement, rappelle le Wall Street Journal, le patron de SpaceX a d'ailleurs fait savoir que Starlink avait d'ores et déjà dû faire face à des tentatives russes de perturber son fonctionnement.
D'autres entreprises ont également été visées: c'est par exemple le cas de Viasat, entreprise californienne dont les réseaux ont subi, dès le 24 février dernier, une cyberattaque ayant affecté des dizaines de milliers de clients en Ukraine et dans plusieurs pays d'Europe. En mai, le ministère danois de la Défense a fait savoir que la Russie était fortement soupçonnée d'être derrière le sabotage du satellite.
Les semaines et mois à venir s'annoncent cruciaux. La Russie va-t-elle se lancer dans une série d'attaques contre certains satellites commerciaux occidentaux? Les menaces en resteront-elles au stade des mots? Difficile à dire, tant Moscou, aux abois, semble pouvoir se comporter de façon imprévisible.