Saints Hydrocarbures, priez pour nous. | Natalia Kolesnikova / AFP
Saints Hydrocarbures, priez pour nous. | Natalia Kolesnikova / AFP

Gaz et pétrole vont rapporter 300 milliards d'euros à Poutine en 2022

Ça fait beaucoup de chars, et une guerre très longue.

0,3% de PIB: c'est, selon les calculs de certains économistes, ce que coûterait à l'économie européenne un embargo total sur les hydrocarbures russes –avec des situations diverses, la France étant moins dépendante donc moins exposée que l'Allemagne, l'Autriche ou la Finlande.

Pour Berlin par exemple, le choc d'un boycott immédiat du gaz et du pétrole russes serait des plus rudes et plongerait des millions de ménages dans la pauvreté, selon le ministre allemand de l'Économie. Il semble néanmoins possible selon certains analystes et militants d'absorber un tel choc, en particulier si des mécanismes de solidarité sont mis en place pour aider les États les plus dépendants ainsi que les ménages les plus fragiles.

Pourtant, alors que l'Europe découvre avec effroi les massacres à Boutcha, à Borodyanka ou à Irpin et réfléchit à de nouvelles sanctions à imposer à la Russie, que la Lituanie a annoncé se passer immédiatement et complètement du gaz russe, un embargo sur les hydrocarbures venus de l'est coince encore, notamment du fait de l'Allemagne.

De l'autre côté? De l'autre côté, c'est Byzance, ou presque: du fait des prix record atteints avant le début de la guerre et de cette absence d'embargo européen, les hydrocarbures russes continuent de couler à flots et, surtout, de remplir les caisses du Kremlin de sommes colossales.

Selon Bloomberg, et si les choses restaient en l'état, ce sont ainsi 321 milliards de dollars, soit 292 milliards d'euros, que pourrait gagner la Russie en 2022 grâce aux énergies qu'elle exporte. C'est près d'un tiers plus haut qu'en 2021, donc avant le début de la guerre en Ukraine, pour des ressources qui représentent la bagatelle de 40% des rentrées d'argent du pays.

Quant à sa balance des paiements, elle se porte bien, très bien même à en croire l'Institut de la finance internationale (IIF), qui table sur un surplus de 240 milliards de dollars, soit 218 milliards d'euros.

L'or noir et sang

L'invasion de l'Ukraine n'est néanmoins pas sans effet. L'Agence internationale de l'énergie note que la production comme l'exportation de pétrole russe ont commencé à chuter.

Même en l'absence d'embargo, les sanctions actuelles (y compris les mécanismes imposés côté russe pour soutenir le rouble) poussent de nombreux partenaires habituels à se détourner du pays ou, comme l'Inde ou la Chine, à obtenir de très copieuses ristournes sur leurs commandes d'hydrocarbures.

Si l'économie russe souffre des sanctions imposées au pays, et si les choses ne peuvent qu'empirer, elle parvient tout de même à résister encore un peu à l'effondrement, notamment grâce à cette manne infinie des hydrocarbures et à un rouble ayant retrouvé des couleurs –sans doute temporaires, comme l'affirme Antony Blinken– à la suite des vigoureuses actions de Moscou.

Cette résistance économique, bien que relative et fragile, permet donc au Kremlin à la fois d'atténuer les effets des sanctions imposées à la Russie et de financer la coûteuse campagne guerrière qu'elle mène en Ukraine.

L'IIF note que si, en revanche, l'Europe décidait d'un embargo global sur les hydrocarbures russes, cela provoquerait une contraction de 20% de la production du pays et coûterait 275 milliards d'euros à Moscou, selon les prix du marché en vigueur.

La véritable tempête économique viendrait alors beaucoup plus tôt, avec des moyens plus limités pour en atténuer les effets. Si la mesure présente pour l'Europe et ses populations un risque économique certain, peut-être est-ce la seule manière efficace de freiner Vladimir Poutine dans ses visées guerrières et expansionnistes?

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