QALY, pour «quality-adjusted life year», soit «année de vie pondérée par la qualité»: c'est le nom de l'indice dont se servent de nombreuses institutions publiques comme privées pour déterminer la valeur de l'existence, donc le coût optimal des traitements médicaux pouvant en améliorer les conditions.
Dans un article consacré à la question, le Wall Street Journal détaille le principe du QALY. Les nations ou organismes utilisant l'équation déterminent une valeur monétaire pour une année de vie en parfaite santé. Selon l'Institute for Clinical and Economic Review (ICER), elle est de 150.000 dollars [134.000 euros] pour un·e Américain·e.
Cette valeur fluctue grandement en fonction du pays et de l'institution qui la fixe. En 2016, elle était par exemple de 500.000 couronnes en Suède [47.000 euros], de 80.000 euros aux Pays-Bas et oscillait entre 20.000 et 30.000 livres [23.000 à 34.000 euros] au Royaume-Uni.
Le QALY est de 1 lors d'une année en pleine santé, de 0 si la personne décède. Entre les deux, grâce à un traitement à l'impact variable sur la qualité de vie, le QALY est compris entre 0 et 1.
Ces données servent à calculer le montant maximum pour un traitement ou une intervention médicale. Le Wall Street Journal prend l'exemple d'un homme de 55 ans souffrant d'une pathologie qui impacte sa qualité de vie. Sans traitement, les vingt-quatre années estimées qu'il lui reste à vivre équivaudraient à 10 QALYs; avec traitement, ce chiffre monterait à 15 QALYs.
La valeur d'un QALY étant, dans cet exemple, fixé à 150.000 dollars par l'ICER, le reste de l'équation est simple. Ces cinq années supplémentaires en bonne santé représentent une somme de 750.000 dollars, qu'il faut ensuite diviser par l'espérance de vie restante de la personne pour déterminer le prix maximum du traitement par année –ici, il serait de 31.250 dollars.
Tarifs revus à la baisse
Aux États-Unis, où le prix des médicaments –parfois basiques– est devenu un problème national, donc un enjeu électoral, l'ICER se sert de ses petits calculs pour forcer les compagnies pharmaceutiques à ajuster leurs tarifs.
Quelques exemples sont donnés. Le Praluent de Sanofi et Regeneron, un nouvel hypolipémiant d'abord vendu 14.600 dollars, a finalement vu son prix abaissé à 5.850 dollars, suivant les recommandations de l'ONG. Même chose pour le Zolgensma, une thérapie génique très coûteuse lancée par Novartis: son coût initial était estimé à 5 millions de dollars, mais le laboratoire l'a finalement limité à 2,1 millions de dollars, soit le maximum calculé par l'ICER.
Cette méthode de calcul n'est pas sans critique. Les laboratoires y voient un risque pour leurs profits. Des spécialistes craignent qu'elle ne mène à un «rationnement» de la médecine ou estiment que les valeurs prédéterminées ne sont pas suffisamment précises. Certain·es pensent que toute vie, quelle que soit sa qualité, vaut d'être vécue; en toutes circonstances, l'indice QALY devrait donc être fixé à 1.
Le philosophe John Harris pointe ainsi le caractère mathématiquement discriminant et injuste de l'équation, ainsi que l'âgisme qu'elle suppose. De fait, en matière d'efficacité collective et de coût, il est selon cette méthode préférable de payer un traitement à une personne de 20 ans qu'à deux de 90 ans –une analyse que d'autres contestent.