Mark Zuckerberg lors de son audition au Sénat des États-Unis en avril 2018. Ahem. | Chip Somodevila / AFP
Mark Zuckerberg lors de son audition au Sénat des États-Unis en avril 2018. Ahem. | Chip Somodevila / AFP

Deux sénateurs américains veulent lever le voile sur la valeur de vos données personnelles

Une loi baptisée «Dashboard Act» pourrait forcer les plateformes à plus de transparence.

À surfer sur internet, on pourrait croire que tout est gratuit puisque la plupart des sites et plateformes ne demandent pas un centime en échange de leur utilisation. Pourtant, à chaque fois que vous vous connectez à Facebook ou que vous faites une recherche sur Google, vous effectuez une transaction.

Si c'est gratuit, vous êtes le produit

Chacun de vos comportements en ligne est traqué, enregistré puis revendu à des annonceurs par les grosses firmes du secteur. L’apparente gratuité masque l'échange de vos données personnelles contre un service. Cette transaction implicite échappe à bon nombre d’internautes qui n’ont pas conscience d'offrir une denrée de valeur aux sites consultés.

Pour rendre ces échanges plus tangibles, deux sénateurs américains souhaitent les traduire dans un langage qui parle à tout le monde: la monnaie sonnante et trébuchante. Le Démocrate Mark Warner et le républicain Josh Hawley ont déposé une proposition de loi qui obligerait les plateformes accueillant plus de 100 millions de membres à dévoiler à chaque internaute le prix de ses données aspirées.

Baptisée «Dashboard Act», la loi offrirait une transparence bienvenue en levant le voile sur les pratiques financières parfois opaques des géants de la tech. Les internautes pourraient savoir précisément quelles données sont collectées, comment elles sont utilisées et si elles sont vendues à d’autres entreprises.

Donner c’est donner, reprendre c’est voler

Une initiative qui est loin de plaire aux entreprises les plus clairement visées. Google refuse de communiquer et Facebook s’est contentée de déclarer qu’elle «espérait continuer de dialoguer avec les porteurs de cette proposition de loi».

La Internet Association, un lobby qui regroupe les grands groupes de la tech, s’est en revanche plainte de l’ambition des deux sénateurs, clamant que le secteur préférerait une loi fédérale sur la vie privée qui s’appliquerait à toutes les entreprises, y compris à «l’épicerie du coin». Une telle loi n’irait probablement pas aussi loin que le «Dashboard Act», puisqu’elle ne serait pas en mesure de cibler directement les GAFA.

Même les personnes qui soutiennnent la loi posent des questions relatives à la méthode de calcul utilisée. Toutes les données à caractère personnel ne sont pas équivalentes et leur valeur peut varier selon le lieu d’habitation ou le niveau de vie de l’internaute en question, par exemple.

Lorsque le New York Times s’était penché sur la question en mars, le journal était tombé sur un os. «Il n’y a pas de méthode de calcul établie, expliquait alors Christopher Armstrong cadre chez KPMG, une firme d’audit. Faut-il donner la valeur propre d’une donnée? sa valeur lorsqu’elle est additionnée avec toutes les autres? lorsqu’elle est conjuguée avec la technologie d'analyse de l’entreprise?».

Peu importe la méthode: elle sera largement discutée et contestée, ce qui risque de remettre en cause sa pertinence et de noyer le débat, estime Dina Srinivasan une ex-publicitaire désormais chercheuse en anti-trust. Découvrir cette formule pourrait pourrait être une étape indispensable sur le chemin de la transparence.

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