Le retrait brutal de 42 milliards de dollars ne peut pas ne pas laisser quelques traces. | Tayfun Coskun / ANADOLU AGENCY / Anadolu Agency via AFP
Le retrait brutal de 42 milliards de dollars ne peut pas ne pas laisser quelques traces. | Tayfun Coskun / ANADOLU AGENCY / Anadolu Agency via AFP

Comment internet, smartphones et réseaux ont détruit la Silicon Valley Bank

Pour éviter l'effet domino, les autorités américaines ont décidé d'agir.

C'est l'épilogue du premier chapitre d'une histoire bien mouvementée. Dans une course frénétique pour éviter la contagion et l'effet domino, les régulateurs fédéraux américains annonçaient dans un communiqué publié dimanche, avec l'aval direct de Joe Biden, que tous les déposants de la Silicon Valley Bank verraient leurs dépôts protégés.

L'action est rare, vive et forte, mais elle est nécessaire. L'effondrement la semaine passée de la banque préférée des start-ups américaines comme des «venture capitalists» qui leurs fournissaient leurs millions, est le pire gadin bancaire aux États-Unis depuis la chute de Washington Mutual lors de la crise de 2008, mettant tout un système en péril.

Une panique bancaire –un «bank run» , dans les termes anglo-saxons– a poussé jeudi 9 mars la clientèle de la banque à retirer la bagatelle de 42 milliards de dollars (39 milliards d'euros) en quelques heures à peine.

La dégringolade était immédiate et l'incendie violent, poussant les autorités californiennes à mettre la clé de l'institution sous la porte et la gestion de ses actifs sous le contrôle de la Federal Deposit Insurance Corporation, une agence fédérale créée pour agir comme un pompier des banques et de la finance.

Les retraits et déplacements de fonds étant bloqués, les structures et entreprises n'ayant pas réussi à retirer leurs capitaux à temps faisaient ainsi face à un manque de liquidité qui mettaient leur existence –et les salaires de leurs salariés– en péril.

De longues queues se sont formées aux guichets d'autres petites banques que l'on disait également en péril, notamment la First Republic Bank, et une seconde institution nommée Signature Bank s'est effondrée. Des appels au renflouement se sont multipliés et des enchères ont été mises en place pour vendre ce qu'il reste de la Silicon Valley Bank.

Bim, boum, badaboum

L'enjeu était avant tout de protéger les sommes considérables que les start-ups et leurs financiers avaient placées, depuis quatre décennies, dans la Silicon Valley Bank. La chute de cette dernière est due à un phénomène finalement plutôt simple. Alors que sa clientèle a un temps croulé sous le cash ces dernières années, les dépôts ont été de plus en plus massifs.

La banque ne les a pas placés dans des produits et montages exotiques à risque, mais dans des bonds à long terme, plutôt réputés pour leur grande sécurité. Mais la banque centrale américaine, qui faisait face à une inflation galopante, a dû procéder à des hausses agressives de ses taux; celles-ci ont automatiquement fait perdre de la valeur aux placements de la SVB.

Dans le même temps, la clientèle autrefois si riche de la banque a vu ses richesses fondre, notamment avec la fin des aides fédérales, l'obligeant à retirer son argent de la Silicon Valley Bank de manière de plus en plus massive pour financer ses opérations au quotidien.

Les placements malheureux d'une banque en relative délicatesse et un besoin de cash de plus en plus important de ses clients: tout était en place pour qu'une panique majeure intervienne. Celle-ci n'a pas manqué d'intervenir.

Et si elle fut si violente, si rapide, c'est aussi parce que l'objet central même des financements de la banque des start-ups, l'internet, les smartphones, les réseaux sociaux, les nouvelles technologies, ont largement contribué à jeter des tombereaux d'essence sur le début d'incendie.

L'urgence était d'abord dans les décisions à prendre. Malgré de multiples appels au calme, les grandes institutions financières américaines ont conseillé à leur clientèle de retirer un maximum de fonds de la Silicon Valley Bank, afin de descendre autant que faire se pouvait sous la barre des 250.000 dollars de dépôts, limite en-dessous de laquelle ils sont assurés par la FDIC.

Mais cette urgence à plonger le système dans la crise a été très largement accélérée, voire transformée en une panique bancaire à même de mettre tout le système en péril, par les moyens de communication modernes dont la SVB avait tant aidé à financer le développement.

Un article du Wall Street Journal décrit ainsi comment dès les premiers signes d'alerte, mercredi 8 mars, les canaux Slack, groupes de discussion WhatsApp, messageries Signal ou plus simplement les réseaux sociaux se sont mis à bruisser de la rumeur incendiaire de la position plus que délicate de la Silicon Valley Bank.

«Les réseaux sociaux, qui n'avaient pas joué lors de la précédente crise bancaire, se sont mis à échanger à la fois des faits et de la fiction à la vitesse de la lumière dans le monde entier. Une clientèle effrayée a dégainé ses téléphones pour ouvrir leur app bancaire. En quelques clics et swipes, leur argent était placé ailleurs», écrit ainsi le WSJ.

Un autre article fouillé de Maxwell Strachan pour Vice ne décrit pas autre chose: d'une certaine manière, les outils favoris de la Silicon Valley ont torpillé sa banque chérie, et mis l'ensemble de la «start-up nation» californienne –voire mondiale– dans une situation très délicate, avec des structures pouvant être mises en péril par leur manque de liquidité.

«Le truc avec SVB est exacerbé par le fait qu'une grosse partie de sa clientèle est sur Twitter toute la journée», écrit ainsi Jay Ganatra dans un tweet repéré par Motherboard. Qui cite un autre de ces gazouillis, plutôt amer: «Promouvoir une panique bancaire pour faire du RT est fou», a ainsi écrit un autre utilisateur de la plateforme désormais possédée par Elon Musk.

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