Sonos déclare la guerre aux géants. | Michal Borowczyk via Unsplash
Sonos déclare la guerre aux géants. | Michal Borowczyk via Unsplash

Sonos, nouvelle championne de la lutte contre les géants de la tech

L'entreprise reproche à Google de lui avoir piqué ses technologies.

Les géants des nouvelles technologies détestent la concurrence. Amazon poursuit une longue tradition qui consiste à copier les produits populaires sur sa plateforme pour les vendre moins cher. Facebook s'est fait une spécialité de racheter ou copier tout nouveau réseau social émergent –elle les rachète parfois simplement pour récupérer les technologies qui l'intéresse, puis cesse de s'en occuper. L'ogresse Google a aussi un appétit fameux pour les start-ups, avec lesquelle elle procède de la même manière.

Or, du fait de leur taille et leur omniprésence, il est devenu quasiment impossible de concurrencer ces mastodontes. Pire, la plupart des entreprises dépendent de Gmail, du service de cloud d'Amazon, de sa marketplace, etc. Et même dans le cas où elles veulent se rebeller, difficile de soutenir un long procès contre de tels géants, qui ont à disposition des fonds infinis et une armée d'avocat·es aguerri·es.

Dans cette bataille de l'ombre, les entreprises étouffées par les géants pourraient bien avoir trouvé leur championne: Sonos, une société californienne qui produit des enceintes sans fil. Sonos a récemment attaqué Google en justice pour avoir violé plusieurs de ses brevets.

En 2013, Sonos était parvenue à convaincre Google de faciliter l'utilisation de Google Play via ses enceintes. Pour cela, elle avait fourni au géant les plans détaillés de l'architecture de ses produits, Google n'étant à l'époque pas une concurrente. Seulement, trois ans plus tard sort Google Home –un produit similaire à ceux de Sonos.

Excès de confiance

Après avoir étudié l'enceinte connectée en détail, Sonos s'est aperçue que Google avait vraisemblablement copié plusieurs de ses technologies brevetées pour concevoir son propre produit, vendu beaucoup moins cher. Sonos a donc proposé à Google de payer une licence pour pouvoir continuer d'utiliser les technologies supposément volées. Ce que Google a tout simplement refusé.

Dans une interview au New York Times, le PDG de Sonos se dit donc, après plusieurs années de négociations, acculé et forcé d'attaquer Google en justice. Amazon se trouve aussi dans son viseur, mais il explique ne pas pouvoir soutenir deux procès de cette envergure en même temps.

Quelle que soit l'issue de l'opposition, les accusations de Sonos sont déjà prises très au sérieux. Elles ont ainsi attiré l'attention du Congrès des États-Unis: le comité judiciaire de la Chambre des représentants a décidé d'inviter le PDG de l'entreprise d'enceintes à venir s'exprimer devant sa commission d'enquête antitrust le 17 janvier.

La Chambre des représentants américaine enquête depuis juin sur les abus de pouvoir dans le monde de la tech. Google, Amazon ou Facebook notamment sont particulièrement visées pour leur penchant à étouffer toute concurrence naissante.

Accusation de chantage

Car d'après Sonos, Google ne s'est pas contentée de violer ses brevets puis de refuser de payer une licence. La firme aurait aussi tenté de l'intimider afin de faire cesser ses plaintes répétées. En effet, les enceintes Sonos proposent en option Google Assistant et Alexa, les assistants vocaux de Google et Amazon.

Jusqu'à la récente acquisition du Français Snips, les enceintes Sonos ne disposaient pas d'assistant vocal «maison». Or, ce type de technologie est extrêmement populaire auprès des personnes qui utilisent ce genre de services. Sonos est donc dépendant des omniprésents leaders du marché des assistants vocaux, de la même manière qu'un fabriquant de smartphone peut difficilement se passer d'Android –un autre produit édité par Google.

Lorsque les plaintes de Sonos se sont intensifiées, Google a tenté de modifier les conditions sous lesquelles l'entreprise peut intégrer Google Assistant à ses produits. Elle réclame à Sonos les noms, date de sortie et design de ses futures enceintes six mois à l'avance, contre quarante-cinq jours aujourd'hui –alors que, rappelons-le, les deux firmes sont en concurrence directe.

L'intérêt porté à l'affaire par la commission d'enquête n'annonce pas forcément de mesures contre Google. Toutefois, elle laisse imaginer ce qui pourrait être fait: elle pourrait être forcée d'imposer des conditions moins strictes pour l'utilisation de son assistant, afin de ne plus pouvoir faire pression sur les fabricants tiers d'enceintes connectées.

Une mesure encore plus radicale serait, comme le promet la candidate démocrate Elizabeth Warren, de briser l'entreprise en petits morceaux. Ainsi, dans le cas des enceintes connectées, Google Assistant et Google Home ne dépendraient plus de la même entreprise mère et n'auraient ainsi pas de buts de profits communs.

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