166.000 dollars [environ 153.000 euros]. C'est le prix auquel une carte Magic rare «Lotus Noir» a été adjugée, lors d'une vente aux enchères en 2019. Selon Wired, le marché d'occasion du celèbre jeu se rapproche de celui des marchés financiers –avec encore moins de régulation.
En 1993, Richard Garfield crée Magic: l'Assemblée. Un jeu à collectionner d'une grande complexité, où l'on s'affronte à coups de créatures magiques, de sorts et d'artefacts. Le nombre de cartes différentes est énorme et en constante augmentation.
Pour gagner, il faut constituer le deck –au moins soixante cartes avec lesquelles on joue– le meilleur possible. Obtenir le deck optimal est une quête sans fin: chaque carte doit fonctionner en symbiose avec les autres et les plus rares peuvent donner des avantages décisifs.
572 de ces cartes figurent sur une «liste réservée» de Wizards of the Coast, l'éditeur de Magic, assurant qu'elles ne seront jamais réimprimées. Le seul moyen de se les procurer est donc le marché d'occasion.
Du troc à la place de marché
Pendant longtemps, les joueurs et joueuses ont échangé des cartes contre d'autres cartes. L'argent n'a fait son apparition que depuis une dizaine d'années.
«Pack to Power» a été l'un des déclencheurs. Dans cette série d'articles de blog publiée en 2010, Jonathan Medina explique comment il a échangé un pack acheté 4 dollars [3,68 euros] contre des cartes ou des packs de plus en plus chers.
Au bout d'une centaine de trocs, il avait acquis une «Mox Pearl», l'une des «Power Nine», neuf cartes extrêmement rares imprimées fin 1993, début 1994. Celle-ci vaudrait aujourd'hui entre 1.700 et 2.500 dollars [1.600 et 2.300 euros].
Depuis, le commerce s'est professionnalisé et financiarisé. Magic dispose même de places de marché comme MTG Stocks, TCG Player et Mage Market, où règne la spéculation. Une partie de la communauté l'accuse de faire gonfler les prix. Certaines personnes assurent vivre entièrement du trading des cartes Magic.
Aucune autorité ne régule les transactions. À l'automne 2019, sur un serveur Discord, James Chapman a recommandé d'investir dans des cartes qui allaient prendre de la valeur en raison de la sortie imminente d'un nouveau mode de jeu, Pioneer, sur lequel il avait été renseigné. Un délit d'initié, malheureusement légal sur cet étrange marché.