Les palais amateurs du très prisé whisky japonais connaissent bien la distillerie Yamazaki, fierté du groupe Suntory. Malgré une production limitée qui fait la rareté donc la cherté de ses produits, on trouve ses single malts dans toutes les bonnes maisons –c'est aussi un breuvage de Suntory, un Hibiki, que Bill Murray promeut dans Lost in Translation.
En 2005, Suntory mettait sur le marché un breuvage vieux de 50 ans, dont le prix atteignait 1 million de yens [8.300 euros environ]. Les fanatiques des produits de la distillerie devront casser de plus grosses tirelires encore pour le single malt qu'elle a annoncé vouloir lancer cet été, à l'approche des Jeux olympiques de Tokyo.
Le revers de la médaille
Comme son nom l'indique, le Yamazaki 55 est âgé de 55 ans; il s'agit du plus ancien whisky commercialisé par la maison, fondée en 1923 par Shinjirō Tori. Un tel produit d'exception a évidemment un prix: seules cent bouteilles de 70 cL seront vendues, et chacune d'entre elles sera proposée au prix de 3 millions de yens, soit près de 25.000 euros.
La demande de la clientèle est telle que Suntory ne vendra pas le Yamazaki 55 de manière classique mais organisera une loterie, réservée au territoire japonais. Ce pourrait être un investissement fructueux pour celle ou celui qui bourse déliera: initialement mise sur le marché en 2005, une bouteille de Yamazaki de 50 ans d'âge a été vendue aux enchères en 2018 pour près de 300.000 euros, signe que les fans n'ont pas peur de dépenser beaucoup pour mettre la main sur un flacon du précieux élixir.
Bloomberg fait remarquer que le whisky japonais est à la fois bénéficiaire et victime de son succès. Celui-ci est tel que les distilleries du pays, dont les investissements massifs n'auront d'impact que dans quelques années, ne peuvent parfois plus fournir leurs produits les plus populaires et sont contraintes de vendre des bouteilles sans âge, voire d'incorporer des whiskys importés d'Écosse ou d'Irlande, dans des «world blended whiskies» forcément moins attractifs.